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SPORT L'année 2015

Natation : quelles perspectives olympiques ?

Katie Ledecky - crédits : Patrick B. Kraemer/ EPA

Katie Ledecky

Dresser un bilan collectif pour un sport individuel paraît incongru, mais l’exercice est incontournable depuis des décennies, notamment à l’occasion de la confrontation olympique. Tentons donc de tirer les enseignements des Championnats du monde de natation, qui se sont tenus à Kazan (Russie) du 2 au 9 août 2015, dans une perspective olympique. Les États-Unis occupent, comme toujours, la première place du bilan des nations (8 médailles d’or, 10 médailles d’argent, 5 médailles de bronze). Pourtant, la délégation américaine a paru moins flamboyante que d’habitude, côté masculin notamment (2 médailles d’or seulement). Mais les États-Unis se sont appuyés sur les performances hors norme d’une jeune fille de 18 ans, Katie Ledecky, qui a réussi en sept jours un quadruplé individuel inédit en nage libre, remportant toutes les épreuves, du 200 au 1 500 mètres (elle a ajouté la médaille d’or dans le relais 4 fois 200 mètres). Par ailleurs, Michael Phelps, qui avait été écarté de la sélection nationale à la suite d’une arrestation pour conduite en état d’ivresse, a multiplié les grandes performances aux Championnats des États-Unis : il enrichira sans doute sa collection olympique au Brésil. La deuxième place de l’Australie (7 médailles d’or, 3 médailles d’argent, 6 médailles de bronze), qui s’appuie aussi sur une forte délégation féminine (Emily Seebohm et Bronte Campbell s’adjugent chacune 3 médailles d’or), ne constitue pas une surprise. En revanche, la troisième place de la Chine (5 médailles d’or, 1 médaille d’argent, 7 médailles de bronze) provoque un certain malaise : le succès dans l’épreuve reine, le 100 mètres nage libre, de Ning Zetao, suspendu un an pour dopage en 2011, n’a réjoui personne ; le sulfureux Sun Yang, vainqueur des 400 et 800 mètres, a déclaré forfait juste avant le départ de la finale du 1 500 mètres pour une raison inconnue… La natation britannique, bredouille aux Jeux de Londres, continue de recueillir les fruits de sa remise en cause : la Grande-Bretagne occupe la quatrième place du bilan (5 médailles d’or, 1 médaille d’argent, 3 médailles de bronze), avec comme figures de proue les jeunes James Guy (19 ans), champion du monde du 200 mètres et du relais 4 fois 200 mètres, et Adam Peaty (20 ans), champion du monde des 50 et 100 mètres brasse. Il faut aussi souligner l’échec total de la Russie (1 médaille d’or, 1 médaille d’argent, 2 médailles de bronze, onzième place du classement des nations) à domicile, qui présente son plus mauvais bilan depuis 2007.

Côté français, là aussi, conjecturer sur les perspectives olympiques en s’en tenant aux chiffres, aux statistiques, pourrait conduire à livrer une analyse erronée. Troisième du bilan aux Championnats du monde de Barcelone en 2013 (4 médailles d’or, 9 médailles au total), la France glisse au cinquième rang à Kazan (4 médailles d’or, 6 médailles au total). Ce résultat demeure très honorable, mais il masque des carences déjà entrevues aux Championnats d’Europe en 2014. En effet, depuis une dizaine d’années, la France aquatique s’est construite dans le sillage de ses stars (Laure Manaudou, Alain Bernard, Camille Muffat, Yannick Agnel) ; en cas de défaillance d’une d’elles, les autres prenaient le relais. Or, à Kazan, il est apparu que l’équipe de France ne comptait plus qu’une réelle star : Florent Manaudou, champion du monde du 50 mètres, du 50 mètres papillon (épreuve non olympique) et du relais 4 fois 100 mètres – soit trois médailles d’or en trois épreuves. Si Florent Manaudou connaissait l’échec aux jeux Olympiques de Rio de Janeiro en 2016, la France aquatique pourrait « plonger ». Certes, Camille Lacourt, champion du monde sur 50 mètres dos (épreuve non olympique) et médaillé d’argent sur 100 mètres dos, a presque retrouvé[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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Médias

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