SPORT L'année 2015
Tennis : le Grand Chelem, une impossible quête ?
Depuis l’Australien Rod Laver (1962, 1969), côté masculin, et l’Allemande Steffi Graf (1988), côté féminin, personne n’a réalisé le Grand Chelem, c’est-à-dire remporter les quatre tournois majeurs. Réaliser pareil exploit demeure-t-il possible ? On peut en douter car, en 2015, le Serbe Novak Djokovic et l’Américaine Serena Williams réunissaient tous les atouts pour y parvenir, et ils ont échoué.
Novak Djokovic s’est imposé presque partout, affichant des performances inédites. Il a remporté onze tournois, dont trois tournois du Grand Chelem et six Masters 1000 ; il a atteint la finale de quinze tournois consécutivement ; il compte trente victoires contre des joueurs classés dans les dix meilleurs mondiaux. Ce parcours remarquable lui a permis d’amasser près de 19 millions de dollars de gains dans les tournois, ce qui constitue le record absolu. Il termine bien sûr l’année en tête du classement A.T.P., avec 16 585 points et, surtout, 7 640 points d’avance sur son dauphin, le Britannique Andy Murray (pour souligner la performance, indiquons que remporter un des quatre tournois du Grand Chelem octroie 2 000 points). Pourtant, Novak Djokovic n’a pas réussi le Grand Chelem. En effet, à Roland-Garros, malgré un parcours quasi parfait, et notamment une victoire probante et sans appel face à l’Espagnol Rafael Nadal en quart de finale, il a perdu de sa superbe en finale, et le Suisse Stanislas Wawrinka est parvenu à briser son rêve. Celui-ci est-il définitivement passé ?
Serena Williams, de son côté, avait privilégié une approche moins boulimique : souvent en proie à des soucis physiques, elle ne désirait pas accumuler les matchs ; en outre, gonfler son palmarès ne la motivait guère. En effet, elle s’était fixé un unique objectif, le seul qui puisse la placer en tête de la hiérarchie historique du tennis féminin : réaliser le Grand Chelem. Et tous les observateurs ont pensé que l’Américaine allait tenir son pari. Dominatrice aussi bien à l’Open d’Australie, à Roland-Garros et à Wimbledon, reléguant ses rivales à un rôle de faire-valoir, elle abordait l’U.S. Open, qu’elle avait déjà remporté six fois, en immense favorite. Mais, après un parcours sans fautes, elle s’est soudain écroulée en demi-finale, battue par une quasi-inconnue, l’Italienne Roberta Vinci. Terrassée par le stress, handicapée par une douleur à la cheville, l’Américaine, qui restait sur vingt-six victoires consécutives à l’U.S. Open, a dû baisser pavillon à la surprise de tous.
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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Médias