SPORT L'année 2016

Football : le Portugal enfin récompensé

Souvent brillante chez les jeunes, avec deux titres de champion du monde des moins de 20 ans remportés en 1989 et 1991, la sélection portugaise n’était jamais parvenue à confirmer les attentes dans la catégorie supérieure. C’est désormais chose faite après le triomphe de la Seleção das Quinas, articulée autour de sa star internationale Cristiano Ronaldo, lors du Championnat d’Europe 2016 remporté face à la France (1-0, après prolongation) qui en était le pays hôte.

Un succès venu récompenser une équipe qui s’est volontairement appuyée sur sa solidité défensive plutôt que de miser sur un potentiel offensif pourtant reconnu. Ce n’est d’ailleurs pas Cristiano Ronaldo, touché en début de match et rapidement remplacé, qui a délivré ses coéquipiers en prolongation lors de la finale, mais l’attaquant remplaçant Eder, joueur physique et plutôt besogneux évoluant en France sous les couleurs de Lille, qui s’est mué en buteur inattendu pour devenir le héros de tout un peuple. Ce succès difficilement obtenu face aux Français, sans panache, mais loin d’être immérité, est à l’image du parcours compliqué qu’a connu le Portugal lors de cet Euro ; voire même à l’image de la compétition elle-même.

Pour la première fois en effet, le Championnat d’Europe de football mettait aux prises vingt-quatre équipes du Vieux Continent, ce qui eut pour conséquence de permettre à des équipes seulement classées en troisième position de leur poule, comme le Portugal, d’accéder à la phase finale. Le premier bilan qu’il convient d’en tirer, en dehors des prestations rafraîchissantes d’équipes surprise telles que l’Islande et le pays de Galles, est une tendance à un jeu plus fermé et sans volonté de prise de risque, ce qui s’est traduit par un spectacle moins intéressant que celui observé lors des dernières grandes compétitions internationales. Les statistiques confirment d’ailleurs cette impression puisque seulement 2,1 buts par match ont été marqués, contre 2,5 en 2012. Et on notera, comme un symbole de ce football plus froid et calculateur, que le Portugal n’a remporté qu’un seul match dans le temps réglementaire, lors de la demi-finale qui l’opposait au pays de Galles. D’ailleurs, le Portugal n’a connu aucun succès en phase de poules et s’est imposé deux fois après prolongation et une fois au tir au but lors de la phase finale… La France, elle, s’est montrée poussive au début de la compétition avant de monter en puissance par la suite. Les Bleus ont notamment obtenu un large succès (5-2) face à l’Islande, avant de vaincre l’Allemagne (2-0) pour la première fois dans un match officiel depuis 1958. Antoine Griezmann, auteur d’un doublé en demi-finale face à la Nationalmannschaft, a terminé meilleur buteur de l’Euro avec six réalisations et s’est affirmé comme le nouveau leader offensif des hommes de Didier Deschamps. Malgré la légitime déception causée par la défaite en finale, la première en tant que pays hôte pour la France après les succès obtenus lors de l’Euro 1984 et de la Coupe du monde 1998, le sélectionneur a réussi son principal défi : retrouver le soutien populaire autour de l’équipe de France et effacer ainsi le souvenir du fiasco de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. L’avènement d’une jeune génération aussi séduisante qu’ambitieuse laisse espérer un avenir radieux, comme en attestent les premiers matchs disputés par les Bleus dans le cadre des éliminatoires du prochain Mondial qui aura lieu en 2018 en Russie.

En dehors du plan sportif, le bilan de ce Championnat d’Europe des nations 2016 s’avère très positif. Du point de vue économique, le chiffre d’affaires de l’UEFA a augmenté pour atteindre 1,93 milliard d’euros contre 1,4 milliard en 2012. Cette hausse s’explique essentiellement par le fait que vingt-quatre équipes[...]