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SPORT L'année 2011
Cyclisme : un Tour de France épatant
Une course au déroulement inattendu, le suspens jusqu'au bout, deux journées flamboyantes dans les Alpes, un vainqueur méritant et très ému : le Tour de France 2011 restera comme un des plus excitants depuis vingt ans. Pourtant, rien ne laissait prévoir un tel scénario, bien au contraire. En effet, la présence d' Alberto Contador au départ en Vendée suscitait un réel malaise tout en promettant une course stéréotypée. D'une part, les atermoiements des autorités sportives concernant le contrôle positif de l'Espagnol durant le Tour 2010 (traces de clenbuterol) aboutissaient à une situation ubuesque : le Tribunal arbitral du sport (T.A.S.) a choisi de ne pas rendre de verdict dans ce dossier avant le départ de la Grande Boucle ; de ce fait, la victoire de Contador dans cette édition 2010 pouvait encore être remise en cause, ainsi que tous ses succès ultérieurs, dont, bien sûr, un éventuel triomphe dans le Tour 2011 (Contador sera suspendu et privé de ses victoires par le T.A.S. le 6 février 2012). D'autre part, Contador venait de dominer copieusement le Giro : s'il affichait la même forme durant le Tour, aucun de ses rivaux ne pouvait prétendre le battre.
En fait, jour après jour, les péripéties de la course vont prendre le pas sur la suspicion et le malaise, et le succès populaire de la Grande Boucle va aller crescendo. Déjà, durant la première semaine, les favoris plantent les premières banderilles sur les petits monts de Bretagne. Ensuite et surtout, la « France de juillet » se passionne pour l'épopée de Thomas Voeckler. Celui-ci conquiert le maillot jaune à Saint-Flour, mais chacun pense qu'il cédera sa précieuse tunique dès les rudes pentes pyrénéennes. Or il n'en est rien, Voeckler faisant jeu égal ou presque avec les favoris à Luz-Ardiden ou au plateau de Beille. Puis, au fil des étapes, il apparaît que les favoris auront plus de mal que prévu à lui ravir la tunique d'or. Le public se prend à rêver d'un improbable triomphe. Certes, Voeckler ne serait jamais le successeur de Bernard Hinault – le dernier vainqueur français de la Grande Boucle, en 1985 –, mais peut-être se poserait-il en héritier de Roger Walkowiak (1956) ou de Lucien Aimar (1966), qui remportèrent le Tour à la surprise de tous grâce aux circonstances de la course et à leur propre courage. En définitive, Thomas Voeckler rend les armes à L'Alpe-d'Huez, après dix jours en jaune ; il termine quatrième – aucun Français n'avait pris place dans le « top 5 » du Tour depuis 2000.
Par ailleurs, dans les Alpes, les champions ont renoué avec un esprit d'épopée qui semblait appartenir à un lointain passé : dans l'Izoard, comme jadis Fausto Coppi ou Louison Bobet, le Luxembourgeois Andy Schleck s'est lancé dans une échappée au long cours, finalement victorieuse au sommet du Galibier ; le lendemain, vers L'Alpe-d'Huez, Contador, orgueilleux, accompagné d'Andy Schleck, a lui aussi montré tout son panache. En ces deux occasions, l'Australien Cadel Evans a pris ses responsabilités – en assurant seul la poursuite derrière le jeune Luxembourgeois pour réduire un écart qui prenait des proportions démesurées en direction du Galibier, puis en répliquant en fin stratège à Contador et Schleck dans l'étape de L'Alpe-d'Huez.
Cadel Evans, par ailleurs remarquable dans le contre-la-montre à Grenoble, a donc enfin remporté le Tour de France, après deux échecs cruels (il fut deuxième en 2007 et en 2008, battu de quelques secondes à chaque fois). Il devient le premier Australien à gagner la Grande Boucle, et le vainqueur le plus âgé de l'après-guerre. Ce maillot jaune vient couronner une jolie carrière et récompenser un champion opiniâtre et atypique.
Malgré les affaires de dopage récurrentes ces dernières années,[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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