SPOT (Satellite probatoire d'observation de la Terre)
Le lancement, le 22 février 1986, du premier satellite du programme S.P.O.T. (satellite probatoire d'observation de la Terre, rebaptisé en 1982 satellite pour l’observation de la Terre) a marqué l'entrée en force de l'Europe dans le domaine de l'observation à haute résolution de la Terre depuis l'espace. Il a en effet inauguré une nouvelle technologie d'observation optique, utilisant des barrettes de détecteurs statiques (C.C.D., charge coupleddevice) qui sont aujourd’hui largement utilisées (sous la forme de matrices de millions de détecteurs) dans les appareils photographiques numériques. Cette technologie a permis aux images d’atteindre une résolution au sol de dix mètres, résolution bien meilleure que celle des images produites par les satellites américains Landsat de l’époque.
Une filière de sept satellites
Initié à la fin des années 1970, le programme S.P.O.T. a été mené en coopération entre la France, la Belgique et la Suède. L’instrumentation embarquée par les satellites a évolué dans le but d’obtenir des images de haute résolution de plus en plus performantes.
Financés par des fonds publics, les cinq premiers satellites ont été équipés de deux instruments optiques identiques fonctionnant, de façon indépendante ou simultanément, en mode panchromatique (noir et blanc) ou en mode multispectral (c’est-à-dire en privilégiant – grâce à l’utilisation de filtres – certaines bandes spectrales du domaine visible et infrarouge). Ces instruments ont la particularité de pouvoir orienter leur axe de prise de vue jusqu’à 26 degrés de part et d’autre de la verticale (on parle de dépointage de l’instrument), ce qui offre une flexibilité nettement améliorée de la programmation des sites à observer.
S.P.O.T.-1, S.P.O.T.-2 (lancé en 1990) et S.P.O.T.-3 (lancé en 1993) ont fourni, grâce à leurs deux instruments optiques H.R.V. (haute résolution visible), des images couvant un champ de 60 km de largeur, ce qui correspond à la fauchée instantanée de l’instrument.
S.P.O.T.-4, de plus grande taille et équipé de deux instruments optiques H.R.V.I.R. (haute résolution visible et infrarouge), a été lancé en 1998. Comme avec les précédents satellites, les images obtenues ont une résolution de 10 mètres sur un champ de 60 km de largeur. S.P.O.T.-4 a aussi embarqué l’instrument Végétation, capteur à grand champ (résolution spatiale de l’ordre du kilomètre) permettant l’observation quotidienne de l’ensemble des terres émergées.
S.P.O.T.-5 a été lancé en 2002. Ses deux instruments imageurs H.R.G. (haute résolution géométrique) ont fourni des images de résolution nettement améliorée (2,5 m), toujours sur un champ de 60 km de largeur. Outre un deuxième exemplaire de l’instrument Végétation, S.P.O.T.-5 a embarqué un nouvel instrument d’observation H.R.S. (haute résolution stéréoscopique). Ce dernier, observant simultanément vers l’avant et vers l’arrière du satellite, a permis de capter des couples d’images stéréoscopiques afin de reconstituer le relief du terrain observé.
La poursuite de cette série de satellites a été décidée en 2009, à l’initiative de la société E.A.D.S.-Astrium (European Aeronautic Defence and Space Company - Astrium) qui en a alors assuré intégralement le financement. S.P.O.T.-6 et S.P.O.T.-7, mis en orbite en 2012 et 2014, sont dotés d’un instrument optique d’une résolution atteignant 1,5 m.
C'est la société Matra Marconi Space, devenue en 1990 E.A.D.S.-Astrium, aujourd’hui Airbus Defence & Space, qui a assuré la maîtrise d'œuvre de ces sept satellites.
Initialement prévus pour une durée de vie de 3 ans, quatre des cinq premiers satellites (S.P.O.T.-3 est tombé en panne au bout de 3 ans) ont fonctionné beaucoup plus longtemps que prévu : leurs missions se sont étalées de 1986 à 2003 pour S.P.O.T-1, de 1990 à 2009 pour[...]
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Écrit par
- Gérard BRACHET : consultant en politique spatiale
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