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STALINE JOSEPH VISSARIONOVITCH DJOUGACHVILI dit (1879-1953)

Le projet stalinien

Le projet stalinien rappelle, à certains égards, celui de Pierre le Grand : un projet volontariste de développement accéléré sans émancipation.

Le premier objectif fixé par Staline et son groupe, à la fin des années 1920, est de faire de l'U.R.S.S. une grande puissance industrielle et militaire. « La Russie a toujours été battue à cause de son retard, expliqua Staline dans un discours célèbre (4 février 1931). Nous retardons de cinquante à cent ans sur les pays avancés. Nous devons parcourir cette distance en dix ans. Ou nous le ferons ou nous serons broyés. »

D'où tirer le capital indispensable au financement de cette industrialisation accélérée ? D'une surexploitation des ouvriers, dont le salaire réel baisse de moitié au cours du Ier plan quinquennal (1928-1933). De prélèvements massifs, à des prix dérisoires, de la production agricole. L'exportation de produits agricoles financera l'achat, à l'étranger, de biens d'équipement et de technologies indispensables à l'industrialisation. Cette « accumulation socialiste primitive » suppose, naturellement, que les mécanismes du marché, qui fonctionnaient vaille que vaille sous la N.E.P., aient été au préalable cassés, et que les paysans aient été regroupés dans des kolkhozes.

Présentée par Staline comme un « processus de transformation socialiste de l'agriculture », la collectivisation des campagnes, lancée au début de 1930, prend l'allure d'une véritable guerre antipaysanne, face à la résistance du monde rural qui voit dans cette politique une tentative de réinstaurer un « second servage ». Plus de deux millions et demi de paysans déportés ; six millions de paysans morts de faim lors de la grande famine de 1932-1933, directement imputable à la désorganisation du cycle productif consécutive à la collectivisation ainsi qu'aux prélèvements démesurés sur les premières récoltes des kolkhozes ; des centaines de milliers de paysans morts en déportation ; des centaines de milliers arrêtés et envoyés dans les camps de travail du Goulag – ces quelques chiffres donnent la mesure de cette guerre antipaysanne inavouée, évoquée tout au plus comme une campagne visant à « liquider les koulaks en tant que classe ». En quelques années, la résistance de la paysannerie est brisée (la police politique recensa 13 700 « émeutes et manifestations de masse » en 1930, 2 800 en 1931, 2 400 en 1932, moins de 300 en 1933) ; le pourcentage des foyers collectivisés, sous la pression, dépasse, en 1935, 90 p. 100. Cette année-là, l'État prélève directement plus de 45 p. 100 de la production agricole, soit proportionnellement trois fois plus qu'en 1928, malgré une baisse significative des productions de l'agriculture (— 15 p. 100) et de l'élevage (— 40 p. 100).

Cette extorsion de la production agricole, au prix de disettes et d'une grande famine, permet d'approvisionner à bas prix la population urbaine et contribue au succès d'un certain modèle de développement industriel, fondé sur un très gros effort d'investissement réalisé aux dépens de l'amélioration du niveau de vie de la population, et sur une course à la production obtenue à la suite d'une très forte pression productiviste à caractère répressif. Priorité absolue est accordée à l'exploitation de matières premières et de sources d'énergie, à la production de biens d'équipement plutôt qu'à la production de biens de consommation. En dix ans, l'U.R.S.S. se dote d'une puissante industrie lourde et d'une industrie de guerre, qui contribueront de manière décisive à la victoire militaire des armées soviétiques dans la deuxième phase (1943-1945) de la Seconde Guerre mondiale.

La grande force de Staline est d'être parvenu à incarner, pour[...]

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Staline fiché - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Staline fiché

Lénine et Staline, 1922 - crédits : Laski Diffusion/ East News/ Hulton Archive/ Getty Images

Lénine et Staline, 1922

Churchill et Staline à la conférence de Yalta, 1945 - crédits : Keystone/ Getty Images

Churchill et Staline à la conférence de Yalta, 1945

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