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WYSPIAŃSKI STANISŁAW (1869-1907)

Wyspiański a joué un rôle exceptionnel dans l'histoire du théâtre polonais. De son vivant, il a été entouré d'un véritable culte. Dans la Pologne asservie, les poètes et les écrivains se trouvaient souvent chargés d'une responsabilité morale et politique que Wyspiański a consciemment tenté d'assumer. C'est également de lui que s'est inspiré le réformateur du théâtre de l'entre-deux-guerres, Leon Schiller. L'œuvre de Wyspiański demeure toujours vivante en Pologne, car il est, selon l'expression de Maxime Herman, « une synthèse où s'unissent classicisme et romantisme, naturalisme et symbolisme, langue archaïque ou populaire et langue suggestive à la manière de Maeterlinck ».

Le rénovateur du théâtre polonais

Né à Cracovie, Stanisław Wyspiański était fils d'un modeste sculpteur. Il étudie la peinture et l'histoire, voyage et travaille à l'étranger de 1890 à 1894. Il séjourne surtout à Paris, où il semble avoir connu Gauguin et les nabis. De retour en Pologne, il collabore à la revue Życie (1898-1899) dont Stanisław Przybyszewski fait le centre de ralliement des tendances nouvelles ; en 1902, il est nommé professeur à l'école des Beaux-Arts, à Cracovie.

Jusqu'en 1898, l'activité de Wyspiański est avant tout picturale : le dessin capricieux, stylisé à l'extrême de ses fleurs, paysages et portraits d'enfants et d'acteurs témoigne de l'influence de la « sécession » viennoise, et peut-être aussi de l'art japonais. Très tôt, Wyspiański s'efforce d'élargir son champ d'action : il dessine des vitraux, des meubles, des tapis. Il commence alors son œuvre théâtrale (après quelques essais sans intérêt à l'époque de son séjour à Paris) et, en dix ans, rénove entièrement le théâtre polonais.

Se sachant atteint d'une maladie incurable, Wyspiański travaille fébrilement ; il s'abandonne à sa vision, ne corrigeant jamais ses manuscrits. L'époque, il est vrai, favorise la spontanéité. Wyspiański est emporté dans le mouvement de la « Jeune Pologne » qui charrie côte à côte les courants décadent, symboliste puis expressionniste tout en témoignant d'un brusque réveil social et surtout national. Le renouveau de la spiritualité s'accompagne d'un retour au romantisme qui avait été tenu en suspicion par le scientisme et le réalisme durant la seconde moitié du xixe siècle.

Renfermé et hautain, Wyspiański se tient éloigné des querelles littéraires. Son imagination est peuplée de réminiscences romantiques, curieusement mêlées à la mythologie grecque qui l'attire irrésistiblement ; les dieux grecs sont pour lui vivants, de même que les poètes romantiques Mickiewicz, Słowacki et Krasiński qu'il se représente comme des incarnations symboliques de la conscience nationale. Dans ses premières pièces, il enveloppe les mythes antiques ou nationaux d'un climat de symbolisme mystérieux ou s'invente un Moyen Âge fantastique influencé par Wagner. Mais il ne va s'affirmer qu'en subordonnant ses recherches symbolistes à l'idée d'un théâtre total, synthèse des arts qui ait la valeur d'un rite communautaire. Lorsque, le 16 mars 1901, le théâtre de Cracovie monte Les Noces (Wesele), en une soirée Wyspiański devient l'un des plus grands écrivains du pays. Les Noces sont d'abord une comédie à clef, une critique féroce des mœurs et des attitudes politiques. Mais le petit monde d'intellectuels, de paysans et de bourgeois rassemblés pour célébrer le mariage d'un poète est présenté par Wyspiański à la manière des personnages des spectacles populaires que les villageois donnent traditionnellement à Noël. La comédie glisse alors insensiblement vers l'extraordinaire fantasmagorie du deuxième acte, panorama des rêves et des obsessions des invités,[...]

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    La force des pensées théoriques d'Appia et de Craig sera d'une importance capitale pour la mise en scène et la scénographie du xxe siècle. Moins connue, l'œuvre du Polonais Stanisław Wyspiański (1869-1907), parallèlement à sa connotation nationale, s'inscrit elle aussi dans la réforme de la scène...