- 1. De l'expérimentation à l'occupation permanente
- 2. La première génération de stations spatiales soviétiques : de Saliout-1 à Saliout-5
- 3. Skylab, la première station spatiale américaine
- 4. La deuxième génération de stations spatiales soviétiques : Saliout-6 et Saliout-7
- 5. La troisième génération de stations spatiales soviétiques : Mir
- 6. La relève de Mir : de Freedom à la Station spatiale internationale
- 7. Bibliographie
STATIONS ORBITALES
La relève de Mir : de Freedom à la Station spatiale internationale
Depuis longtemps, la relève de Mir était envisagée. Non pas du côté soviétique, mais du côté américain. En effet, alors que l'U.R.S.S. s'apprêtait à mettre Mir sur orbite, le président des États-Unis Ronald Reagan avait demandé en avril 1983 à la N.A.S.A. d'établir un projet de station.
Le 25 janvier 1984, c'est-à-dire dix ans après la fin de l'exploitation de Skylab, la seule station américaine jamais construite, le président Reagan annonce officiellement, lors de son discours sur l'état de l'Union, la construction d'une station spatiale américaine : il s'agit alors de « réaliser et de mettre sur orbite une station spatiale habitée en permanence » ; Ronald Reagan invite « les alliés et amis des États-Unis à participer à son développement et à son utilisation et à partager les bénéfices en découlant ». Le coût d'un tel projet est alors estimé à 8 milliards de dollars.
En 1985, l'Europe – par l'intermédiaire de l'Agence spatiale européenne (E.S.A.), qui regroupe pour l'opération neuf pays –, le Canada et le Japon répondent à cette invitation. Mais la catastrophe de la navette Challenger, le 28 janvier 1986, va faire perdre un temps considérable au développement du projet, dont le coût, à mesure que les études de définition progressent, passera à 10,9 puis, en 1987, à 13 milliards de dollars. Le 16 juillet 1988, un nom est donné à cette station : Freedom (« Liberté »).
Des raisons d'abord politiques
Ce retour des Américains dans le domaine des stations répond d'abord à des considérations politiques. Vainqueurs de la Lune en 1969, ayant réussi à réaliser la navette spatiale, dont le premier lancement a eu lieu le 12 avril 1981, les États-Unis sont à la recherche de nouveaux objectifs propres à assurer leur suprématie dans l'espace et à mobiliser la nation sur un projet d'envergure, comme avait su le faire naguère Kennedy avec le programme Apollo. Il s'agit aussi de ne pas laisser les Soviétiques dominer dans le domaine des stations, alors qu'ils s'apprêtent à réaliser Mir. Ce thème du caractère impératif de la réalisation d'une station sera repris par tous les successeurs de Reagan à la Maison-Blanche.
Cette initiative comporte néanmoins des objectifs scientifiques. Il s'agit d'assurer une présence permanente d'astronautes américains dans l'espace afin de préparer l'homme à des voyages plus lointains dans le système solaire, notamment vers Mars. Il s'agit également de procéder sur orbite terrestre à la construction de grandes infrastructures dans lesquelles pourraient être menées des expériences scientifiques diverses, allant de l'étude du comportement de l'organisme humain en impesanteur à la physique fondamentale, mais aussi de mener des observations de la Terre, du système solaire et de l'Univers. À cela s'ajoute l'espoir de pouvoir élaborer industriellement des matériaux, voire des molécules médicamenteuses, qui ne peuvent être obtenues sur Terre, où la gravité constitue un handicap. Des sociétés américaines comme 3M manifestent d'ailleurs un vif intérêt pour ces perspectives.
Enfin, pour la réalisation de ce projet, il est nettement fait appel à la coopération internationale. La station Freedom apparaît donc d'emblée comme le plus grand projet de coopération internationale dans l'espace. En fait, en sollicitant cette coopération, les Américains entendent bien en partager les dépenses tout en conservant la maîtrise du projet. Et, sur ce point, la position américaine est sans ambiguïté. Elle est exprimée par le National Space Council, l'autorité suprême aux États-Unis en matière d'espace : « Une coopération internationale accrue pourrait être recherchée, non seulement[...]
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Écrit par
- Jacques VILLAIN : membre de l'Académie de l'air et de l'espace et de l'International Academy of Astronautics, ancien président de l'Institut français d'histoire de l'espace
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