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LOCHNER STEPHAN (1410 env.-1451)

Peintre allemand né à Meersburg, Stephan Lochner s'établit à Cologne en 1442 au plus tard, date à laquelle il achète une maison dans la ville. Il est membre du conseil de la Corporation des peintres en 1447 et 1450. Pendant la décennie où sa présence est attestée à Cologne, il fut sans doute le peintre le plus en vue de la riche cité marchande sur le Rhin. C'est à lui qu'est commandé le grand triptyque de L'Adoration des rois, destiné à orner la chapelle du conseil de la ville (cathédrale de Cologne). Parmi ses autres œuvres conservées, la plus importante est le Retable du Jugement dernier, provenant de l'église Saint-Laurent (panneau central au Wallraf-Richartz-Museum, Cologne ; faces intérieures des volets représentant le martyre des apôtres, à l'institut Staedel de Francfort ; faces extérieures avec des saints, à la pinacothèque de Munich) ; citons également la célèbre Vierge au buisson de roses (Wallraf-Richartz-Museum, Cologne), la petite Nativité (pinacothèque, Munich), la Présentation au Temple (Landesmuseum, Darmstadt).

La chronologie relative des œuvres exécutées entre 1442 et 1451 est difficile à établir en raison du caractère de son art. On ignore tout de sa formation : on a supposé, parce qu'il est né à Meersburg, qu'il avait appris le métier auprès d'un maître de la région du Haut-Rhin. Son tour de compagnon l'aurait mis en contact avec le milieu des frères Limbourg et, par ailleurs, il aurait travaillé dans l'atelier du Maître de Flémalle, avant de s'installer à Cologne. Ces deux hypothèses tendent à rendre compte du double aspect de son art, à la fois moderne et attaché au style gothique international (on peut en ce sens le comparer à son contemporain Fra Angelico). En fait, la connaissance de la nouvelle peinture flamande, celle des Van Eyck et du Maître de Flémalle, était déjà répandue en Allemagne vers 1440, et surtout à Cologne, située aux portes des Pays-Bas, où l'on pouvait admirer depuis 1438 le retable peint par le Maître de Flémalle pour Henri de Werl. Les œuvres de Lochner le montrent au demeurant beaucoup moins sensible au réalisme du détail concret, voire à la rusticité du Maître de Flémalle qu'au sens de l'organisation spatiale et à la lumière de Van Eyck. Mais sa connaissance et son utilisation des plus récentes découvertes de la peinture flamande n'atténuent nullement son attachement au « style suave » du début du siècle, dont son art semble être à la fois l'exemple le plus tardif et le plus parfait : calme de la composition et sérénité des figures, bordures des draperies dessinant de molles arabesques, modelé très doux, couleurs pâles et délicates aux accords raffinés où domine le bleu ciel. Ce style, et le fait d'avoir représenté plusieurs fois la Vierge au buisson de roses (sujet repris plus tard de manière monumentale par Schongauer, et variation sur le thème de la Vierge au jardinet, illustré au début du siècle par Stefano da Verona) lui valurent au xixe siècle, lorsque s'instaura la vogue des « primitifs », d'être admiré comme un représentant parfait de cet art prérenaissant où l'on voulait voir la pure expression d'une piété naïve.

— Pierre VAISSE

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Genève

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