AUDOIN-ROUZEAU STÉPHANE (1955- )
Né le 25 février 1955 à Paris, l’historien Stéphane Audoin-Rouzeau a consacré la totalité de ses travaux à une histoire culturelle de la violence de guerre au xxe siècle, de la Première Guerre mondiale en particulier. Il est directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales depuis 2004. Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris en 1975, il obtient une licence d’histoire à l’université de Paris-X l’année suivante. Agrégé d’histoire en 1980, il soutient en 1984 une thèse dirigée par Jean-Jacques Becker, qui est publiée en 1986 sous le titre 14-18, les combattants des tranchées. Stéphane Audoin-Rouzeau observe comment les soldats ont tenu pendant le conflit, pour en venir à affirmer la puissance du « sentiment national » comme facteur crucial d’explication. Dix ans après sa thèse, il obtient son habilitation à diriger des recherches.
Grande Guerre et « culture de guerre »
Stéphane Audoin-Rouzeau dirige le centre international de recherche de l’Historial de la Grande Guerre, situé à Péronne (Somme), qui est également un musée d'histoire et un centre de documentation. Cette institution a eu une influence considérable dans le renouvellement de l’historiographie sur la Première Guerre mondiale en France.
Auteur de nombreux ouvrages personnels, Stéphane Audoin-Rouzeau a travaillé avec d’autres historiens de Péronne, qui désiraient, comme lui, en finir avec l'historiographie de l’après-guerre et des années 1930, laquelle aurait relevé, selon eux, d’une histoire-bataille vue d'en haut et aseptisant la violence. Avec Annette Becker, il publie La Grande Guerre, 1914-1918 (1998) ; avec Jean-Jacques Becker, il codirige entre autres l’Encyclopédie de la Grande Guerre 1914-1918 (2004). Pour eux, si les soldats sont partis en guerre, se sont battus au front, malgré la longueur et la violence du conflit, c’est en raison d’une « culture de guerre » qui aurait été prégnante à l’époque. Ils définissent celle-ci comme « un ensemble de représentations, de pratiques, d’attitudes, de productions littéraires et artistiques qui a servi de cadre à l’investissement des populations européennes dans le conflit.
Il s’oppose à la position du Collectif de recherche international et de débat sur la guerre de 1914-1918, qui rassemble depuis 2005 universitaires et chercheurs non professionnels. Pour les membres du Crid 14-18, la tâche de l’historien consisterait d’abord à s’interroger sur les multiples formes de contraintes qui se cachent derrière l’idée de consentement patriotique. Alors que les historiens de Péronne analysent mentalités et discours pour cerner les ressorts du consentement à la guerre, le Crid 14-18, particulièrement sensible aux pratiques ordinaires des poilus, préfère mettre l’accent sur les expériences concrètes qui expliqueraient la ténacité des combattants.
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Écrit par
- Paula COSSART : maître de conférences en sociologie, université de Lille, faculté des sciences économiques sociales et des territoires, Centre d'études et de recherches administratives, politiques et sociales
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Autres références
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GUERRE MONDIALE (PREMIÈRE) - Mémoires et débats
- Écrit par André LOEZ
- 4 517 mots
- 3 médias
S'emparant de cette problématique, un groupe d'historiens mené par Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker a construit dans les années 1990 une thèse forte, celle du « consentement ». Pour eux, le fait majeur qu'il convient de dévoiler et de souligner est que les belligérants, et la société française...