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AUDOIN-ROUZEAU STÉPHANE (1955- )

Des chantiers divers

Au-delà de cette position générale, Stéphane Audoin-Rouzeau a investi des terrains divers. Dans La Guerre des enfants (1993), l’historien analyse « la première grande mobilisation morale et intellectuelle de l’enfance au sein du champ politique européen ». Il souligne l’agressivité nouvelle du langage de guerre proposé aux enfants dès 1914. L’Enfant de l’ennemi (1914-1918). Viol, avortement, infanticide pendant la Grande Guerre (1995) est consacré aux « débats, angoisses, fantasmes que suscitèrent en France les viols des débuts de la guerre ». On appelait « enfants de l'ennemi » les fruits des viols perpétrés par des soldats allemands.

Stéphane Audoin-Rouzeau a aussi travaillé sur la question du deuil. Dans Cinq Deuils de guerre : 1914-1918 (2001), il souligne notamment que la Grande Guerre a souvent suscité des deuils interminables, dont la trace n’est toujours pas effacée, près d’un siècle après la fin du conflit. Il met particulièrement l’accent sur la dimension intime du deuil, chacun d’entre eux étant unique.

En 2013, il publie un livre plus personnel, qui se démarque en partie des précédentes publications, Quelle histoire. Un récit de filiation (1914-2014).Stéphane Audoin-Rouzeau y a choisi de se tourner vers les siens. Mais il ne s’agit pas à proprement parler d’un essai d’ego-histoire, au sens par exemple où il n’y explique pas pourquoi il est devenu historien, ni comment il pratique son métier. Il y décrit le cheminement et les effets de la Grande Guerre dans sa famille sur plusieurs générations.

À partir de la fin des années 2000, Stéphane Audoin-Rouzeau dirige un séminaire de recherche sur les pratiques et les imaginaires du génocide des Tutsi perpétré par les Hutu au Rwanda en 1994. Y sont privilégiées les études de terrain, celles qui placent la focale sur les pratiques, les gestuelles et les représentations qui ont présidé au génocide. Il étudie notamment, dans la lignée de ses travaux antérieurs, la cruauté extrême qui s’y est massivement déployée, les viols, la découpe des corps, les assassinats des enfants devant leur mère, allant jusqu’à porter atteinte à la filiation. En 2017, il rend compte de sa prise de conscience du génocide dans Une initiation. Rwanda (1994-2016).

— Paula COSSART

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Écrit par

  • : maître de conférences en sociologie, université de Lille, faculté des sciences économiques sociales et des territoires, Centre d'études et de recherches administratives, politiques et sociales

Classification

Média

Stéphane Audoin-Rouzeau - crédits : D.R.

Stéphane Audoin-Rouzeau

Autres références

  • GUERRE MONDIALE (PREMIÈRE) - Mémoires et débats

    • Écrit par
    • 4 517 mots
    • 3 médias
    S'emparant de cette problématique, un groupe d'historiens mené par Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker a construit dans les années 1990 une thèse forte, celle du « consentement ». Pour eux, le fait majeur qu'il convient de dévoiler et de souligner est que les belligérants, et la société française...