HESSEL STÉPHANE (1917-2013)
Diplomate et personnalité éminente de la Résistance et de la gauche françaises, Stéphane Hessel naît le 20 octobre 1917, à Berlin. Ses parents, Helen Grund et Franz Hessel, tous deux allemands, bourgeois bohêmes proches du milieu artistique et intellectuel parisien d’avant la Première Guerre mondiale, ont accepté la liberté dans leur amour. À l’âge de sept ans, Stéphane Hessel quitte l’Allemagne avec son frère aîné pour suivre leur mère, qui est décidée à rejoindre son amant, Henri-Pierre Roché, à Paris. Ami de leur père, ce dernier s’est inspiré de cette situation pour écrire, en 1953, un roman semi-autobiographique Jules et Jim, admirablement adapté au cinéma par François Truffaut, en 1962. Reçu au concours de l’École normale supérieure en juillet 1937, le jeune Hessel obtient la nationalité française quelques mois plus tard. Mobilisé en 1939, l’humiliation de la défaite et de l’armistice le détermine à rejoindre, via l’Afrique du Nord et le Portugal, les Français libres rassemblés à Londres par le général de Gaulle. Envoyé en France en mars 1944 pour une mission pour le compte du B.C.R.A. (Bureau central de renseignement et d’action), il y est arrêté, torturé et transféré aux camps de concentration de Buchenwald puis de Dora, d’où il tente à plusieurs reprises de s’échapper, jusqu’à y parvenir, en avril 1945.
Après la guerre, il passe le concours du Quai d’Orsay et occupe plusieurs postes diplomatiques auprès des Nations unies : à New York, où il est directeur de cabinet d’Henri Laugier (alors secrétaire général adjoint et chef du département des affaires sociales), puis à Saigon, en 1955, où il veille à l’application des accords de Genève négociés par Pierre Mendès France, enfin à Alger en 1964, où il œuvre au maintien de la coopération industrielle franco-algérienne. Les événements dramatiques provoqués par la guerre froide, une trop longue décolonisation et les interminables conflits du Vietnam et de la Palestine vont renforcer les idéaux « onusiens » du diplomate, sa foi en l’universalisme du droit international, dans le dialogue pacifique et la patiente négociation multilatérale. Conscient de l’urgence de reconstruire un monde post-colonial plus juste, il sera, de 1969 à 1972, administrateur adjoint du Programme des Nations unies pour le développement (P.N.U.D.). Après un bref passage au ministère de la Coopération auprès du ministre Pierre Abelin, il prend la direction de l’Office national pour la promotion culturelle des immigrés (O.N.P.C.I.), qu’il assurera jusqu’en 1976. Stéphane Hessel termine sa carrière à Genève, où il est ambassadeur auprès des Nations unies, de 1977 jusqu’à sa retraite, en 1982.
Mais à l’âge de soixante-cinq ans, le haut fonctionnaire à la retraite, témoin et acteur de l’idéal de la Résistance, ne renonce pas à s’engager, bien au contraire. En 1996, il prend part avec Ariane Mnouchkine, Edgar Morin, Germaine Tillion et Raymond Aubrac, au « collège des médiateurs » formé pour obtenir la régularisation des sans-papiers de Saint-Bernard. Il est aussi parmi les signataires de l’Appel des Résistants aux jeunes générations du 8 mars 2004, une initiative du mouvement Attac pour célébrer, soixante ans après leur adoption, le programme du Conseil national de la Résistance et les conquêtes sociales qui s’ensuivront après la Libération.
C’est encore en faveur de la cause palestinienne que Stéphane Hessel prendra position. Attirant sur sa personne une hargne qu’il supporte avec flegme, il intervient dans les médias pour dénoncer les agissements du gouvernement israélien. L’opération militaire Plomb durci lancée par ce dernier dans la bande de Gaza en décembre 2008 le détermine à accepter d’être, au côté de Gisèle Halimi, l’un des huit membres du jury d’un tribunal Russell sur la Palestine. Il soutient également[...]
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Écrit par
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Média
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CORDIER DANIEL (1920-2020)
- Écrit par Bénédicte VERGEZ-CHAIGNON
- 1 455 mots
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Daniel Cordier eut plusieurs vies successives, qui finirent par s’emboîter. Militant nationaliste, secrétaire puis biographe de Jean Moulin, collectionneur, galeriste, globe-trotter, historien, mémorialiste et finalement « grand témoin », il aura toujours été un homme d’engagements, de combats et...