GARDINER STEPHEN (1483-1555)
Théologien et homme d'État anglais, évêque de Winchester à partir de 1531, chancelier de l'Université de Cambridge en 1540, Lord-Chancelier au début du règne de Marie Tudor. Gardiner, poussé en avant par Wolsey, demeuré en grâce sous Henri VIII après la chute du ministre, a été l'avocat ardent d'un divorce royal fondé sur des principes théologiques ; il a soutenu la politique de suprématie du souverain et, en publiant son traité De vera obedientia, a cherché à prouver que, seul souverain dans son royaume, un roi ne peut pas être privé de la domination sur son propre clergé. Partisan de la réforme érasmienne entreprise par Henri, Gardiner se range constamment parmi les modérés, désireux de conserver l'essentiel des dogmes catholiques ; hostile à l'hérésie, il la combat avec énergie dans son diocèse et à Cambridge. Cette attitude lui vaut une longue période de totale mise à l'écart sous Édouard VI : opposé aux innovations de Cranmer, il est alors emprisonné et privé de son siège épiscopal. L'avènement de Marie Tudor sonne l'heure de sa revanche et de son accession aux plus hautes responsabilités. Il favorise le retour à l'orthodoxie, incite la reine à faire preuve de la rigueur la plus extrême contre les tenants d'une réforme protestante, témoigne de la même sévérité à l'encontre de sujets rebelles, en particulier de Thomas Wyatt le jeune qui a mis le trône en péril au début de 1554. Il passe alors pour un adversaire de la princesse Élisabeth, en qui il voit une menace pour la Couronne et pour l'orthodoxie religieuse : il ne réussira pas à convaincre la reine de recourir à des mesures extrêmes contre sa demi-sœur. En 1555, il meurt de maladie. Ses idées lui survivront et, sous Jacques Ier, on invoquera encore sa théorie de l'absolutisme monarchique, même en matière théologique et de la nécessaire soumission des sujets à la politique religieuse du souverain.
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Écrit par
- Roland MARX : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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