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KOVACEVICH STEPHEN (1940- )

Successivement sous le nom de sa mère, sous celui de ses deux parents associés et sous celui de son père seul, Stephen Bishop, puis Bishop-Kovacevich et enfin Kovacevich, mène une double vie de pianiste et de chef d’orchestre. Dans la génération qui éclot dans l’immédiat après-guerre, il compte parmi les plus remarquables interprètes des univers classique et romantique.

Stephen Kovacevich naît à San Pedro (Californie) le 17 octobre 1940 d’une mère américaine et d’un père croate. Il commence l’étude du piano à huit ans avec Lev Schorr. D’évidentes dispositions et des progrès rapides lui permettent d’apparaître en public dès 1951. L’Orchestre symphonique de San Francisco invite l’adolescent à se produire en soliste. À dix-huit ans, il s’établit à Londres pour se perfectionner auprès de Myra Hess qui exercera sur lui une influence déterminante. Les résultats ne se font pas attendre : il triomphe en 1961 au Wigmore Hall dans un exigeant programme qui rassemble la Sonate de Berg, trois préludes et trois fugues du Clavier bien tempéré de Bach et les Variations Diabelli de Beethoven. Ce récital marque le lancement de sa carrière. Ses débuts new-yorkais datent de 1967. Les tournées se multiplient en Europe, aux États-Unis, en Extrême-Orient et en Amérique du Sud. Le jeune Kovacevich crée le concerto de Richard Rodney Bennett (1968), qui lui est dédié, et Palintropos pour piano et orchestre de John Tavener (1979). Accompagné par le Geraint Jones Orchestra, il propose au public londonien l’intégralité des concertos pour piano de Mozart (1969-1970). Avec Colin Davis et le London Symphony Orchestra, il noue une longue collaboration qui lui permettra d’enregistrer chez Philips les concertos pour piano de Mozart, Beethoven, Brahms, Bartók (la gravure du deuxième reçoit le prix Edison), Schumann, Grieg et Stravinski. Chez E.M.I., il donnera une seconde interprétation des concertos de Brahms avec le London Philharmonic Orchestra dirigé par Wolfgang Sawallisch. Une intense activité de chambriste l’amène à fréquenter son ex-épouse la pianiste Martha Argerich, les violonistes Renaud Capuçon et Sarah Chang, les violoncellistes Jacqueline du Pré, Gautier Capuçon, Lynn Harrell et Truls Mørk, le flûtiste Emmanuel Pahud ainsi que l’Octuor philharmonique de Berlin. En récital comme devant les micros, Stephen Kovacevich s’exprime avec le même talent dans Bach, Mozart, Schubert, Chopin, Debussy, Ravel ou Bartók. Cependant, Beethoven – il achève en 2003 l’enregistrement pour E.M.I. d’une belle intégrale de ses sonates – et Brahms restent au centre de son répertoire d’élection. Dans ces pages qui exigent la rigueur de l’architecte et la fantaisie du poète, il révèle, sans renoncer à une permanente sobriété de style, l’intensité d’un jeu puissant et coloré et ce mélange d’abandon et de maîtrise qui est l’apanage des plus grands. Avec une infinie souplesse et toute la finesse d’une imagination débordante, il sait passer des impulsions explosives de la passion à la sérénité des méditations intérieures.

Depuis 1984, Stephen Kovacevich mène parallèlement une existence de chef d’orchestre. Chef principal invité de l’Australian Chamber Orchestra, il dirige de nombreuses formations : l’Irish Chamber Orchestra de Dublin, le City of Birmingham Symphony Orchestra, le Royal Liverpool Philharmonic Orchestra, le Sydney Symphony Orchestra, l’Orquestra Gulbenkian de Lisbonne ainsi que le Los Angeles Philharmonic Orchestra. De 2006 à 2008, il se produit, à la tête des London Mozart Players, comme chef et soliste, dans l’ensemble des symphonies et des concertos pour piano de Beethoven. Un véritable exploit et une indéniable réussite.

— Pierre BRETON

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