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STÉRÉOSCOPIE

La sensation de relief dans la vision provient de ce que les deux yeux ne voient pas le même objet sous le même angle. La stéréoscopie comprend donc toutes les méthodes qui permettent d'obtenir une impression de relief, que ce soit en observant un objet à travers un instrument d'optique ou que ce soit en restituant une seule image en relief à partir de deux photographies. De toute manière, la stéréoscopie n'existe qu'en vision binoculaire ; la sensation de relief disparaît en effet si on ferme un œil.

Le premier stéréoscope fut imaginé, en 1832, par Wheatstone et réalisé, en 1843, par Brewster, qui a fait connaître son invention en 1850. À l'origine, il fut conçu pour regarder simultanément deux dessins, l'un avec l'œil droit, l'autre avec l'œil gauche. Il ne sortit du domaine de la curiosité scientifique qu'avec l'invention et le développement de la photographie. Ce stéréoscope était composé de deux prismes à angles assez petits et dont les faces étaient légèrement convexes, de sorte que ces verres se comportaient à la fois comme des prismes et comme des lentilles. Deux photographies d'un même objet, prises de deux points de vue légèrement différents, étaient placées devant les prismes, et les centres des deux photos étaient distants de quelques centimètres. Actuellement, ce principe est appliqué pour la restitution du relief d'objets photographiés au microscope électronique sous deux angles différents. Mais les applications les plus importantes de l'examen stéréoscopique de deux photographies sont, sans aucun doute, la restitution photogrammétrique et la photo-interprétation. Un procédé voisin est celui des anaglyphes. On impressionne une plaque photographique ou un film en se plaçant d'un premier point de vue et en filtrant la lumière avec un filtre rouge. Simultanément, d'un autre point de vue, on photographie ou on filme la même scène avec un deuxième appareil muni d'un filtre vert, c'est-à-dire de couleur complémentaire. À la restitution, on projette simultanément les deux films sur la même surface, ce qui permet de contrôler le synchronisme. L'observateur équipé de lunettes bicolores regarde d'un œil l'image rouge, de l'autre l'image verte et les deux images se fusionnent en une seule image blanche avec relief. Cette méthode n'a pas connu de développement, car l'un de ses principaux défauts est de rendre la vision très fatigante.

Charles Wheatstone - crédits : W. H. Mote/ Wellcome collection ; CC BY 4,0

Charles Wheatstone

Stéréoscope - crédits : Cook/ Hulton Archive/ Getty Images

Stéréoscope

Helmholtz eut l'idée de faire varier la distance entre les deux points d'observation : c'est le principe du téléstéréoscope, destiné à faire voir le relief des objets éloignés. Cet appareil est constitué d'un tube de 1 mètre muni à chacune de ses extrémités d'un prisme rectangle isocèle qui renvoie, selon l'axe du tube, le faisceau de lumière capté latéralement. Les deux faisceaux rencontrent alors deux autres prismes, également rectangles isocèles et placés au milieu du tube à une distance l'un de l'autre égale à la distance des yeux. Une jumelle est braquée sur ces deux derniers prismes et elle en reçoit les rayons à nouveau réfléchis. On obtient, de la sorte, dans les yeux, les images qui se formeraient si ceux-ci étaient distants de 1 mètre, et le relief se produit.

Le microscope stéréoscopique diffère du microscope binoculaire en ce sens que les axes de visée des deux yeux font entre eux un angle voisin de 150. Il allie au confort de la vision binoculaire l'avantage de l'effet stéréoscopique.

— Josette CACHELOU

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Charles Wheatstone - crédits : W. H. Mote/ Wellcome collection ; CC BY 4,0

Charles Wheatstone

Stéréoscope - crédits : Cook/ Hulton Archive/ Getty Images

Stéréoscope

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