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REICH STEVE (1936- )

Croisements et hybridations

Des œuvres de Steve Reich – parmi lesquelles Come Out, Drumming et City Life – ont été remixées en 1999 par quelques DJ et producteurs de la scène électronique internationale, comme Coldcut ou Howie B, pour le label Nonesuch (Reich[Remixed]). La musique de Steve Reich se prête facilement à cet art du collage et du détournement. En gardant et en magnifiant la pulsation sous-jacente de certaines de ses œuvres, ces artisans sonores ont su créer une bande-son « haut de gamme », constituant une sorte de pont entre le monde des musiques populaires et la musique contemporaine écrite.

Au cours des années 2000, Steve Reich continue, dans une veine spirituelle affirmée, à explorer sa culture judaïque. Il alimente également ses créations par de nombreuses collaborations et croisements artistiques.

Sa musique se déploie naturellement dans la danse et a souvent été chorégraphiée : Karine Saporta, Jiří Kylián, Jerome Robbins, Justin Peck, Wayne McGregor, Benjamin Millepied, Christopher Wheeldon… sont parmi les plus représentatifs. Mais il faut faire une place à part à la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker. Depuis les années 1980, elle a été souvent inspirée par de nombreuses pièces de Reich. Celui-ci a composé à son intention Dance Patterns (2002), courte œuvre de 6 minutes incluse dans le projet Counter phrases (2003-2004), filmé par Thierry De Mey pour intégrer un film d’une heure, en demandant à neuf autres compositeurs une partition originale de 6 minutes. Chaque compositeur a dû travailler sur des mouvements de danse filmés proposés par la chorégraphe, inversant ainsi le processus traditionnel de création.

Pour Double Sextet (composé en 2007), Steve Reich a reçu le prix Pulitzer 2009 de musique. L’œuvre a été créée par Eighth Blackbird, un ensemble américain spécialisé dans la musique contemporaine pour lequel elle a été écrite, à l’université de Richmond (Virginie) en 2008. Ce sextuor (flûte, clarinette, vibraphone, piano, violon et violoncelle) donne à entendre la quintessence de l’écriture de Reich. Virtuosité, richesse du discours, beauté plastique de la polyphonie caractérisent cette œuvre pour deux sextuors (ou un seul avec bande magnétique), construite à partir des trois mouvements habituels (fast, slow et fast).

Dans 2×5 (2009), véritable petit chef-d’œuvre dans lequel l’écriture du compositeur croise l'instrumentarium augmenté d’un groupe de rock (quatre guitares électriques, deux basses électriques et optionnellement deux pianos et deux batteries) et entraîne le discours musical vers un ailleurs à la foi familier, électrique, dansant et extrêmement moderne. Chaque mouvement (fast, slow et fast) génère un paysage sonore diversifié et captivant. Complexe et pourtant accessible, cette pièce a été créée par l’ensemble Bang on a Can.

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Steve Reich - crédits : Carolyn Cole/Los Angeles Times/ Getty Images

Steve Reich

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