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WEINBERG STEVEN (1933-2021)

Steven Weinberg - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Steven Weinberg

Né le 3 mai 1933 à New York, dans une famille d’immigrants juifs – son père était sténographe judiciaire –, Steven Weinberg, se révèle un élève brillant. Il fait ses études au lycée scientifique du Bronx, un établissement public très compétitif fondé en 1938 dans le quartier du même nom, à New York, et dont sept anciens élèves ont reçu un prix Nobel en physique. Il commence ses études supérieures à l'université Cornell (dans l'État de New York) puis passe une année à l’Institut Niels-Bohr de Copenhague au Danemark. Il rejoint l’université de Princeton (New Jersey) pour des études doctorales sous la direction du physicien théoricien Sam Treiman (1925-1999) et soutient en 1957, toujours à Princeton, sa thèse sur les effets de l'interaction forte dans les processus dominés par l'interaction faible. Chercheur à l'université de Californie à Berkeley de 1959 à 1966, il s'intéresse à de multiples problèmes en théorie quantique des champs, en physique des particules et en astrophysique. Il enseigne ensuite au Massachusetts Institute of Technology (MIT) puis à Harvard, où il est nommé professeur en 1973 et contribue de façon décisive à la compréhension moderne des interactions fondamentales. Il rejoint l'université du Texas à Austin en 1982, son épouse y ayant obtenu un poste de professeur en droit. Il y fonde un groupe de physique théorique orienté vers la théorie des supercordes et la gravitation. Il concentre alors ses recherches sur des problèmes théoriques liés à la cosmologie.

L'unification des forces fondamentales a sous-tendu les efforts des physiciens modernes depuis Newton – pour la gravitation ou « attraction universelle » – en passant bien sûr par James Maxwell (1831-1879) – pour la lumière et l’électromagnétisme. Einstein, après avoir uni l'espace et le temps, tenta – mais en vain – d'englober en une seule théorie gravitation et électromagnétisme. La découverte, au début du xxe siècle, des deux forces nucléaires – appelées interactions faible et forte – donna un nouvel élan à ces tentatives. En 1967, Weinberg et le physicien pakistanais Abdus Salam (1926-1996) proposèrent, indépendamment, que l'électromagnétisme et l'interaction nucléaire faible soient issus d'une même interaction dite « électrofaible », dont une des symétries fondamentales (appelée symétrie de jauge) est brisée de façon particulière : l’état fondamental ne respecte pas cette symétrie alors que les interactions la respectent. Selon cette théorie, les particules transmettant les interactions sont d’une part un triplet de bosons massifs (notés W+, W et Z0) et d’autre part le photon.

Quelques années plus tard, des expériences au Cern de Genève apportaient les premières confirmations de la pertinence du modèle de Weinberg-Salam, par la découverte de la nouvelle facette des interactions faibles prédite par cette théorie, à savoir celle qui est exprimée par l'échange du boson Z0. Le prix Nobel de physique 1979 – partagé avec l'Américain Sheldon Lee Glashow (né en 1932), pour l'importance de ses travaux de précurseur – récompensa les deux auteurs de ce qu'on appelle maintenant le « modèle standard » des interactions électrofaibles. La production des bosons W et Z0 dans les collisions proton-antiproton en 1983, puis l'analyse fine de leurs caractéristiques grâce au collisionneur électron-positon (LEP) du Cern à partir de 1989 permirent de vérifier les prédictions de cette théorie avec une grande précision. La découverte du boson de Higgs en 2012 par les physiciens exploitant le grand collisionneur de hadrons (LHC) du Cern paracheva la vérification expérimentale de la pertinence de cette description des interactions électrofaibles.

Les travaux de Weinberg sur les « théories des champs[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau

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Steven Weinberg - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Steven Weinberg

Autres références

  • FORMULATION DE LA THÉORIE ÉLECTROFAIBLE

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    • 166 mots

    En 1967, Steven Weinberg et Abdus Salam parviennent de façon indépendante à unifier en une seule théorie l'électromagnétisme et l'interaction nucléaire faible. Dans une remarquable synthèse de nombreux travaux théoriques antérieurs (en particulier ceux de Sheldon Glashow), Weinberg...

  • AXIONS

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    • 2 118 mots
    • 2 médias
    ... pour la théorie électrofaible, la brisure spontanée de cette nouvelle symétrie se traduit par l’apparition d’un nouveau boson. Un an plus tard, Steven Weinberg (Prix Nobel 1979) et Frank Wilczek (Prix Nobel 2004) démontrent de façon indépendante que cette nouvelle particule est soumise à un...
  • CHAMPS THÉORIE DES

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    En imposant qu'une théorie des champs respecte la symétrie ayant pour groupe de jauge le produit SU(2)×U(1), le physicien américain Steven Weinberg (né en 1933) et son collègue pakistanais Abdus Salam (1926-1996) réussirent à unifier en une seule théorie des processus aussi dissemblables...
  • GLASHOW SHELDON LEE (1932- )

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    Né le 5 décembre 1932 à Manhattan, Sheldon Lee Glashow est le fils de juifs russes émigrés au début du xxe siècle. Après des études à New York (à la Bronx High School) puis à l'université Cornell, il soutint sa thèse en 1959 à Harvard. Après des séjours de durées diverses au Cern à Genève,...

  • INTERACTIONS (physique) - Interaction nucléaire faible

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    Construite sur le modèle de l’électrodynamique quantique, la théorie moderne des interactions nucléaires faibles, proposée en 1967 parSteven Weinberg (1933-2021) et Abdus Salam (1926-1996), les décrit comme dues à l'échange de « bosons intermédiaires » appelés W+, W et Z...