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RADIĆ STJEPAN (1871-1928)

Homme politique yougoslave, fondateur du parti paysan croate, avec son frère Antoine. Aux élections de 1908 Stjepan Radić fut élu député à la diète de Croatie (Sabor), qui siégeait à Zagreb, conformément aux dispositions du compromis hungaro-croate de 1868 et aux traditions du droit d'État croate. Le 23 novembre 1918, il se prononce pour la république, manifestant ainsi son hostilité à la dynastie serbe ; il fonde dès le 1er décembre 1918 le parti républicain des paysans croates, refuse le principe d'une union avec la Serbie et commence une lutte de dix années contre le royaume des Serbes, Croates et Slovènes, car il conteste l'abandon de la souveraineté croate sans consultation populaire préalable. Au printemps de 1919, il réunit 150 000 signatures en faveur d'une République croate indépendante, pétition qu'il transmet au chargé d'affaires italien en France. À l'Assemblée nationale yougoslave élue en 1920, Radić prend la tête d'un groupe de soixante-trois députés croates (le « bloc croate ») hostiles à la centralisation ; ceux-ci refusent de siéger en avril 1922, après que le pays a été divisé en trente-trois départements, sur le modèle français, et ils adressent une protestation aux Alliés, lors de la conférence de Gênes (1922).

Aux élections générales de 1923, Radić apparaît comme le leader de la nation croate et son parti obtient soixante-huit mandats à l'Assemblée nationale de Belgrade. Il refuse de siéger dans un cabinet dirigé par Nicolas Pašić et entreprend une tournée à l'étranger afin de sensibiliser l'opinion internationale ; mal reçu à Londres et à Vienne, il se rend à Moscou en 1924 et constitue à son retour un bloc d'opposition. Pašić dissout le parti paysan croate comme adhérant à la IIIe Internationale et fait arrêter Radić, mais très habilement le libère en 1925 pour le nommer ministre de l'Éducation. À l'intérieur du cabinet, Radić harcèle sans cesse Pašić, qui doit démissionner en avril 1926. En 1928, un groupe de députés du parti radical serbe décide de se débarrasser de Radić : un attentat au pistolet, perpétré par le député serbe Rašić en pleine assemblée le 20 juin 1928, fait deux morts, trois blessés graves, dont Radić, qui succombera à ses blessures. Son adjoint Maček lui succède à la tête du parti paysan croate.

— Jean BÉRENGER

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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