STOCKAGE GÉOLOGIQUE DU CO2
Le temps des démonstrateurs
Piéger du CO2 dans le sous-sol nécessite toutefois de bien connaître le comportement du gaz carbonique en profondeur, sa réactivité et son devenir à long terme. Le caractère couplé des processus mis en jeu est de nature à entraîner des effets complexes, à la fois dans l'espace et dans le temps, qui ne sont pas nécessairement prévisibles de manière intuitive et doivent être paramétrés au travers d'approches associant modélisation numérique et expérimentations en laboratoire, autour desquelles se mobilisent chercheurs et industriels. L'étude de gisements naturels de CO2, âgés de plusieurs millions d'années comme le site de Montmirail dans la Drôme, permet également de comprendre le comportement à long terme de ce gaz, de prévoir l'impact des fuites et leurs moyens de remédiation naturelle. Ces études doivent désormais être validées à grande échelle pour, d'une part, s'assurer de la capacité des sites choisis à confiner durablement le CO2 et, d'autre part, mettre au point des méthodes de contrôle et de surveillance pour les futurs stockages, qu'elles soient géophysiques, géochimiques ou microbiologiques, et être capable de proposer des mesures correctives en cas de fuites (à l'endroit des failles existantes ou des puits). L'enjeu prioritaire est en effet de garantir la fiabilité et la sécurité sur plusieurs centaines d'années (compte tenu de la durée d'utilisation du charbon et du temps de résidence du CO2 dans l'atmosphère et les océans) et de démontrer que la C.S.C ne cause aucun dommage à l'environnement local et aux populations. Après la phase d'études et d'expérimentations, encore loin d'être à son terme, la C.S.C entre ainsi dans sa phase de démonstration et les projets d'installations pilotes se multiplient dans le monde, à l'initiative des compagnies pétrolières et gazières, rejointes désormais par d'autres industriels. Ces sites de démonstration font suite aux expériences pionnières qui ont eu lieu à partir des années 1990 à Weyburn au Canada, à Sleipner en mer du Nord (Norvège), à In-Salah en Algérie. Le nombre d'opérations envisageables à partir de 2015 est de l'ordre de la douzaine en Europe, et il est raisonnable de penser que quelque 3 500 opérations équivalentes à Sleipner (1 million de tonnes de CO2 injecté/an) verront le jour d'ici à 2050. En France, Total met en œuvre à Lacq sur l'un de ses anciens gisements de gaz, la première opération française de démonstration de la chaîne complète qui intègre captage par oxycombustion et stockage à 4 500 mètres de profondeur. 150 000 tonnes de CO2 seront ainsi injectées sur une période de deux ans.
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Écrit par
- Bénédicte MÉNEZ : docteure en géochimie, chargée de recherche au CNRS
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