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STOÏCISME

Le stoïcisme moyen et le stoïcisme impérial

Après Chrysippe, l'école fut successivement dirigée par Zénon de Tarse, puis par Diogène de Babylone (qui fut en 155, avec l'académicien Carnéade et le péripatéticien Critolaos, envoyé par Athènes en ambassade à Rome ; la philosophie grecque fit alors son entrée dans le monde latin), enfin par Antipater de Tarse. Ces philosophes eurent notamment à défendre le stoïcisme contre la polémique acérée de Carnéade.

Le successeur d'Antipater, en 129, fut son disciple Panaitios de Rhodes, plus connu sous son nom romanisé de Panétius. Né vers 185, il figura à Rome, avec l'historien grec Polybe, dans le cercle de Scipion Émilien, groupe aristocratique qui joua un rôle politique et culturel capital. Sa vie partagée entre Athènes et Rome est l'un des faits historiques sur lesquels repose la symbiose gréco-latine, c'est-à-dire la civilisation classique. Il meurt vers la fin du iie siècle, laissant des œuvres d'histoire de la philosophie, de physique, de morale, notamment un Traité du devoir qui servira de modèle au De officiis de Cicéron.

Homme du grand monde, voyageur cultivé, esthète délicat, Panétius semble avoir aéré le stoïcisme, en desserrant un peu son corset de dogmatisme sectaire et de rigorisme abstrait. Admirateur de Platon, il prend l'initiative de rattacher le stoïcisme, comme la plupart des autres philosophies de l'époque, à l'inspiration de Socrate. Sous l'influence de Platon ou d'Aristote, il renonce à quelques-uns des dogmes de l'école, comme celui de la conflagration ; il émet des doutes sur la divination. Son anthropologie et sa psychologie tendent à réintroduire en l'homme des divisions, dont l'équilibre définira la sagesse. En morale, il n'a plus qu'un respect distant pour l'idéal du sage, et il ose douter que la vertu suffise au bonheur ; il concentre son attention sur les tâches concrètes, les vocations personnelles, l'accomplissement de soi dans le service de tous. Dans sa dignité discrètement satisfaite, l'homme panétien est le support de quelques-uns des stéréotypes les plus solides de l'humanisme bourgeois.

Le successeur de Panétius fut Poseidonios d'Apamée (Posidonius), l'une des figures les plus discutées de l'histoire de la pensée antique ; on lui a prêté, trop généreusement au gré des plus récents interprètes, un rôle capital dans le tournant par lequel la philosophie ancienne pivote en direction du néo-platonisme. Né vers 135, après ses études à Athènes, il entreprit d'immenses voyages tout autour de la Méditerranée ; il enseigna ensuite à Rhodes, où Cicéron l'entendit ; il séjourna souvent à Rome, entouré d'un grand prestige. Il mourut vers 50, laissant une œuvre encyclopédique, qui évoque Aristote et Leibniz par l'ampleur et la variété qu'on lui devine ; avec lui, le stoïcisme démontre une aptitude inattendue à servir de centre de perspective pour une synthèse des connaissances et des croyances d'une époque ; l'idée de sympathie cosmique devient une grille de lecture empirique de l'univers. Sensible à l'infinie variété des manifestations du logos divin, Posidonius assouplit le passage de l'un au multiple en distinguant Dieu, nature, destin, que l'ancien stoïcisme identifiait. Concevant le principe actif comme donateur de forme et de limite, il tend à séparer corps et âme, comme centre et périphérie. Son anthropologie combat le monisme chrysippien ; les péripéties de la vie morale sont des conflits entre la raison et les passions. L'homme, être amphibie, porte en lui une double postulation, vers l'animal et vers le divin. Même si Posidonius, moins porté aux spéculations eschatologiques qu'on ne l'a parfois cru, reste un homme de ce monde-ci, on peut estimer que sa synthèse en équilibre instable[...]

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Zénon de Cittium - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Zénon de Cittium

Syllogismes de base de Chrysippe - crédits : Encyclopædia Universalis France

Syllogismes de base de Chrysippe

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