STRATIGRAPHIE
Faciès, organisation et interprétation des strates
Notion de faciès
L' aspect et la composition d'une roche constituent son faciès. Cette notion géologique, strictement descriptive, permet au stratigraphe de reconnaître et classer les roches sédimentaires. Le faciès est caractérisé par les propriétés visibles sur le terrain : lithologie, faune. Cette notion est souvent étendue à l'échelle microscopique (microfaciès), voire géochimique. Grâce à la reconnaissance du faciès, le stratigraphe peut mettre en œuvre le principe de continuité qui consiste à admettre qu'une couche est de même âge en tout point.
L'application du principe de continuité n'est pas sans difficulté. C'est ainsi que le même faciès peut migrer latéralement au cours du temps en fonction de facteurs climatiques ou eustatiques ; on dit que le faciès est diachrone. Par ailleurs, au même moment, il peut se déposer des couches de faciès différent dans deux régions du même bassin. On dit qu'il y a passage de faciès et la contemporanéité devra être établie par l'observation d'autres indices que le faciès.
Interprétation des faciès : principe d'uniformitarisme
L'intérêt des faciès est qu'ils sont liés à des conditions de dépôt. Pour les interpréter, on se base sur le principe d'uniformitarisme. Selon ce principe, les faciès anciens se sont formés dans les mêmes circonstances que les faciès actuels. Ainsi, pour reconstituer l'environnement des premiers, il suffit d'observer celui des faciès actuels qui leur ressemblent. Cette comparaison est cependant délicate. En effet, une même lithologie apparente peut résulter d'environnements différents ; seule une analyse détaillée permet de suggérer des équivalences. Par ailleurs, les espèces fossiles ne sont pas les mêmes que les espèces actuelles, tandis que les exemples sont nombreux de formes dont l'écologie s'est modifiée au cours du temps. Ainsi, certaines espèces soumises à la concurrence dans un biotope globalement favorable sont amenées à se réfugier dans des biotopes moins favorables (cavernes, océan profond) et l'interprétation de leur présence peut différer selon l'âge des couches.
Successions de faciès
Les successions de faciès obéissent à une logique qui est celle d'un continuum de dépôt. Chaque strate s'interprète alors par rapport à celles qui l'entourent. Le stratigraphe décrit ainsi des séquences verticales de faciès qui reproduisent en partie les variations de faciès latérales contemporaines. Par exemple, lors d'une transgression marine sur un bassin au fond pentu, la succession verticale (dans le temps) des faciès de plus en plus profonds reproduira pour l'essentiel les variations de faciès latérales liées à la profondeur à un moment donné. Le géologue utilise cette stratigraphie en trois dimensions pour élaborer une stratigraphie séquentielle qui fait intervenir des faits mais aussi des interprétations : la strate s'appréhende en tant que corps sédimentaire en trois dimensions, membre d'une succession logique proposée dans un modèle théorique. Le développement de la stratigraphie sismique, qui repère des réflecteurs sismiques liés aux limites entre corps sédimentaires, a permis des observations indirectes qui ont largement facilité l'analyse de ces corps sédimentaires. Ces derniers comprennent l'ensemble des dépôts réalisés dans un bassin durant un intervalle de temps. Les discontinuités sismiques limitant ces corps sédimentaires sont des surfaces qui ont une signification chronologique.
Les changements du niveau marin constituent l'une des causes majeures de l'évolution temporelle des contenus et des limites des corps sédimentaires. Une autre cause influant significativement sur la nature des sédiments est le climat. Celui-ci est sous l'influence[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Gilles Serge ODIN : directeur de recherche au C.N.R.S.
Classification
Médias
Autres références
-
STÉNON INVENTE LA STRATIGRAPHIE
- Écrit par Florence DANIEL
- 254 mots
- 1 média
Dès 1667, le savant danois Niels Steensen (1638-1686) – en français Nicolas Sténon – introduit dans un ouvrage d'anatomie les notions et les termes de « strates » et de « sédiments ». Selon lui, les couches du sous-sol sont d'anciens sédiments qui se sont peu à peu déposés au fond de l'eau et indurés,...
-
TERRE - Planète Terre
- Écrit par Jean AUBOUIN et Jean KOVALEVSKY
- 9 225 mots
- 9 médias
De l'étude des strates – ce sera la stratigraphie – naît unechronologie relative, chaque couche étant reconnue comme plus récente que celle qu'elle surmonte et plus ancienne que celle qui lui est superposée. On sut ainsi reconnaître le plus ancien du plus récent, mais sans en avoir la mesure... -
ANTHROPOCÈNE
- Écrit par Françoise DREYER
- 2 711 mots
- 2 médias
LaCommission internationale de stratigraphie (en anglais, ICS pour International Commission on Stratigraphy) de l’IUGS est chargée de statuer sur les limites des intervalles de temps et d’établir ainsi l’échelle internationale des temps géologiques. Chacune de ses subdivisions (ère, période, époque... -
ARCHIAC ADOLPHE DESMIER DE SAINT-SIMON vicomte d' (1802-1868)
- Écrit par Myriam COHEN
- 372 mots
Géologue français. Préparé par ses études à une carrière militaire, il quitte l'armée en 1830 pour se consacrer entièrement à la géologie.
Les premiers travaux de d'Archiac ont été des monographies régionales précises et détaillées. Il a d'abord fait une Description...
-
BASSIN SÉDIMENTAIRE
- Écrit par Roger COQUE
- 4 704 mots
- 6 médias
...diversement combinées selon les cas, constituent un matériel rocheux dont l'épaisseur peut atteindre plusieurs milliers de mètres (de 3 000 à 4 000 m). Leur stratigraphie offre des lacunes d'importance variable accompagnées ou non de discordances angulaires. Il peut s'agir de sédiments de mers épicontinentales... - Afficher les 53 références