STRESS AIGU ET TROUBLES PSYCHO-TRAUMATIQUES
Séméiologie
Face à un événement catastrophique collectif ou individuel, tout le monde ne développe pas de trouble et, si certaines particularités personnelles antérieures ou cliniques font craindre la survenue d’un trouble constitué et éventuellement chronique, il n’y a pas de déterminisme en la matière.
Un élément caractéristique de l’événement traumatique est le fait qu’il confronte de manière brutale et imprévisible le sujet au réel de la mort ou à une menace d’anéantissement. Le sujet y réagit par un effroi pouvant causer une effraction psychique de surcroît à un état de stress aigu. Depuis le début de xxie siècle, les sociétés savantes internationales, et de fait les classifications internationales, ont fait évoluer la définition d’un événement traumatique, auparavant très centré sur des expériences collectives, en l’élargissant aux catastrophes individuelles avec menace d’anéantissement et atteinte grave à l’intégrité du sujet, comme les agressions uniques ou répétées.
Les symptômes et syndromes des troubles psycho-traumatiques seront détaillés ici par ordre d’apparition et(ou) de gravité jusqu’aux troubles constitués.
États de stress aigu adapté ou dépassé
L’état de stress aigu adapté a ceci de particulier que l’effroi déclenche chez le sujet une cascade biologique neurovégétative entraînant une vigilance extrême de sa part et une capacité à réagir, mais que tout redevient calme après une période de récupération, et l’événement, s’il n’est pas oublié, cesse de se rappeler en permanence au présent.
L’état de stress dépassé survient quant à lui lorsque le sujet concerné directement (ou parfois indirectement) n’a pas ou plus les ressources adaptatives permettant de faire face à l’événement traumatique. Différents symptômes sont possibles : sidération jusqu’à la stupeur ou au contraire agitation stérile ou fuite éperdue, réaction neurovégétative extrême avec tachycardie et poussée hypertensive. Dans le pire des cas, le sujet peut de manière brève ou plus durable quitter le contact naturel avec la réalité environnante.
Dissociation péritraumatique
Après une phase possible de sidération initiale, une dissociation péritraumatique peut survenir. Il s’agit d’une rupture plus ou moins brève de l’unité du psychisme permettant de supporter la survenue du traumatisme. Initialement réactionnel et protecteur, ce mécanisme, s’il s’installe dans le temps, participe du processus de la traumatisation. La dépersonnalisation (sentiment d’irréalité ou d’étrangeté par rapport à soi-même) et la déréalisation (sentiment d’irréalité ou d’étrangeté du monde environnant) en font partie.
Pour repérer un état de dissociation péritraumatique, il convient d’interroger soigneusement les sujets et de ne pas confondre ces symptômes avec ceux de la dissociation rencontrée chez les personnes schizophrènes, qui est une autre forme de rupture de contact avec la réalité environnante. Il existe des outils standardisés d’évaluation catégorielle et dimensionnelle de la dissociation, qui sont tantôt intégrés à des questionnaires médicaux semi-structurés, tantôt des autoquestionnaires.
État de stress post-traumatique constitué
Par convention, on ne diagnostique pas un état de stress post-traumatique avant un délai d’évolution de trois mois après l’événement traumatique déclencheur. Si, après la phase immédiate et post-immédiate, certaines personnes développent d’emblée un tableau clinique complet d’état de stress post-traumatique, d’autres vivent normalement pendant un temps puis connaissent un état de stress post-traumatique retardé, soit insidieusement, soit brutalement lorsqu’elles vivent un événement de même nature ou à l’occasion d’un syndrome de reviviscence.
De façon schématique, tout se passe comme si le malade restait bloqué à l’instant[...]
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Écrit par
- Isabelle ROY : psychiatre, psychothérapeute
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