STRESS AIGU ET TROUBLES PSYCHO-TRAUMATIQUES
La dissociation posttraumatique comme élément central
Indépendamment de la dissociation péritraumatique décrite plus haut, le processus de dissociation est connu et débattu depuis longtemps.
Dès la fin du xixe siècle, les travaux de Jean-Martin Charcot à la Pitié-Salpêtrière fondent les bases de l'étude de la dissociation. À sa suite, Sigmund Freud et Pierre Janet formulent des hypothèses étiologiques différentes.
Pierre Janet considère la désagrégation psychologique comme une perte d'unité de l’esprit, avant de parler de dissociation de la personnalité dans une jonction entre le conscient et le subconscient. Il s'intéresse également à la recomposition réversible de la personnalité, à l’enfouissement du souvenir traumatique et aux idées fixes (ou pensées intrusives). Pour lui, c'est donc l'expérience traumatique qui explique le phénomène de dissociation psychique.
D’abord situés dans la lignée des travaux de Pierre Janet sur la dissociation entre le conscient et l’inconscient, Sigmund Freud et Josef Breuer (1842-1925) en viennent à considérer les mécanismes de clivage et de refoulement comme englobant la dissociation, celle-ci pouvant de surcroît être le résultat d'une autosuggestion fantasmatique autant que d'un traumatisme réel.
Environ un siècle plus tard, dans les années 2010, Ellert Nijenhuis (né en 1951) et Onno van der Hart (né en 1941) développent le modèle de la dissociation structurelle de la personnalité. À la suite d'événements traumatiques, la dissociation devient non plus fonctionnelle, mais structurelle avec une partie « apparemment normale » de la personnalité et une ou des parties émotionnelles portant en quelque sorte le traumatisme et pouvant faire intrusion dans la partie « apparemment normale », dérangeant son fonctionnement vraisemblablement adapté au monde réel.
Les troubles dissociatifs de l’identité – on parlait autrefois de personnalités multiples – sont un type très particulier de troubles dissociatifs. Ils sous-tendent qu'une personne a plusieurs identités ou des personnalités distinctes appelées « alters », qui prennent tour à tour le contrôle de son comportement, avec une totale amnésie d'un alter à l'autre. Ce trouble serait lié à un vécu d’événements traumatiques graves durant la prime enfance.
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Écrit par
- Isabelle ROY : psychiatre, psychothérapeute
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