STRESS AIGU ET TROUBLES PSYCHO-TRAUMATIQUES
Principes thérapeutiques
À partir d’une connaissance précise de cette balance naturelle d'activation de l'alerte puis d'extinction de la peur, des cibles thérapeutiques tant pharmacologiques que psychothérapeutiques ont été définies. Les principes thérapeutiques qui sont décrits ci-après concernent des patients d'âge adulte. En l'absence de prévention primaire efficace de l'état de stress post-traumatique, nous évoquerons essentiellement la prévention secondaire et les traitements d'état constitué.
Les soins immédiats et post-immédiats
Des soins dits « immédiats » (dans les heures qui suivent l’événement traumatique) de type « defusing » ont été développés – en France, depuis 1995 – et ont pour objet d’accueillir le sujet dans la réalité après une éventuelle sidération ou dissociation.
Des soins post-immédiats (72 à 96 heures après l’événement) de type « debriefing » (de groupe ou individuel) sont également mis en place. Le debriefing permet au sujet de conceptualiser voire, dans le meilleur des cas, d’intégrer ce qui lui est arrivé. En outre, ce contact soignant a pour objectif d’informer le patient sur l’émergence éventuelle de troubles et de lui apprendre à reconnaître ces symptômes. En France, ces soins participent à la chaîne des secours sous le nom d’urgence médico-psychologique et requièrent l’investissement de professionnels et bénévoles formés qui se déplacent sur le terrain.
En soins post-immédiats toujours, l’intervention psychothérapeutique post-immédiate (IPPI) est un modèle de consultation hospitalière en principe unique, développé afin de permettre à une personne ayant vécu un événement traumatique de conceptualiser ce dernier et de puiser dans ses ressources adaptatives afin de dépasser ses conséquences.
L’EMDR (eyemovementdesensitization and reprocessing) est une désensibilisation et un retraitement par les mouvements oculaires des souvenirs traumatiques. Dans le cadre d’un protocole d’urgence, cette méthode vise à débloquer de suite la mémoire et à relancer le traitement adaptatif de l’information. Elle requiert l’instauration d’une relation de confiance avec le patient.
En outre, depuis le début du xxie siècle, différentes stratégies thérapeutiques médicamenteuses et non médicamenteuses supplantent petit à petit les méthodes antérieures d’abréaction psychanalytique cathartique dans la prise en charge des patients durant le premier mois suivant l’événement ou face à des troubles constitués, voire chroniques.
Traitements pharmacologiques
Les traitements pharmacologiques doivent être intégrés à une prise en charge globale incluant de préférence une technique psychothérapeutique éprouvée.
Les benzodiazépines sont fréquemment prescrites dans le cadre des troubles psycho-traumatiques. Les propriétés intrinsèques de ces molécules, bien connues depuis les années 1950, en font des anxiolytiques assez puissants dont l’usage non limité expose à de graves dépendances. Elles ont la particularité d’être amnésiantes et de pouvoir interférer dans l’encodage mnésique de l’événement traumatique et provoquer des oublis.
Les antidépresseurs sont également prescrits dans ce cadre pour leurs propriétés anxiolytiques et apaisantes de la douleur morale et de l’hyperesthésie émotionnelle. Par rapport à l’ancienne génération d’antidépresseurs, les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline ont assez peu d’effets indésirables.
Les antihypertenseurs alphabloquants sont utilisés avec des succès variables pour diminuer la survenue de cauchemars en lien avec le trauma.
La prise de bêtabloquants peut diminuer la pression artérielle et l’emballement neurovégétatif de l’angoisse. Ces médicaments sont utilisés en phase aiguë dans certains protocoles hospitaliers et de manière ponctuelle lors de[...]
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Écrit par
- Isabelle ROY : psychiatre, psychothérapeute
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