STRESS POST-TRAUMATIQUE
Dès les années 1970, les vétérans de la guerre du Vietnam et les mouvements féministes, donnant voix aux survivantes de la violence conjugale et des abus sexuels, se mobilisent pour appuyer la définition d’une pathologie mentale d’origine traumatique : l’état de stress post-traumatique (E.S.P.T.). D’emblée, l’E.S.P.T. prend le contre-pied de l’approche dominante, d’inspiration psychanalytique, qui tend à considérer les « névroses traumatiques » comme le fruit de conflits intrapsychiques.
En 1980, l’E.S.P.T. entre dans la nosographie des troubles mentaux définie par l’Association américaine de psychiatrie (A.P.A.), dans la troisième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (D.S.M.-III). L’E.S.P.T. y est conçu comme une réponse de détresse psychologique sévère consécutive à l’exposition à une situation ayant menacé l’intégrité physique ou psychologique d’une personne ou de son entourage. Le diagnostic d’E.S.P.T. peut être posé lorsque, à la suite de cette exposition traumatique, la personne présente un certain nombre de symptômes psychologiques persistants. Malgré de nombreuses controverses, la définition de l’E.S.P.T. fondée sur un élément étiologique environnemental (le traumatisme) a survécu jusqu’à nos jours.
Description clinique
En 2013, l’A.P.A. remanie la classification de l’état de stress aigu (E.S.A.) et de l’E.S.P.T. Ces pathologies sont retirées de la liste des troubles anxieux pour constituer un groupe nosographique indépendant, composé de « troubles consécutifs aux traumatismes et au stress ». Cette nouvelle classification renforce l’idée que l’E.S.P.T. est effectivement engendré par un événement nuisible externe (critère A) indépendamment de la vulnérabilité individuelle prémorbide.
Afin de poser un diagnostic d’E.S.P.T., la personne doit présenter des symptômes de reviviscence (critère B ; par ex. flashbacks), d'évitement (critère C ; par ex. éviter de penser à l’accident), de dysphorie (critère D ; par ex. anhédonie, émoussement affectif), ainsi que d'hypervigilance (critère E ; par ex. sursauts exagérés, irritabilité). Ces symptômes doivent persister au-delà d’un mois après le traumatisme (critère F) et s'associer à une souffrance psychologique entravant le fonctionnement quotidien (critère G).
Malgré l’intérêt de cette nouvelle classification, l’E.S.P.T. ne peut pas être considéré comme une catégorie taxonomique clairement identifiée. Au contraire, l’E.S.P.T. constitue une réaction de stress extrême et durable parmi beaucoup d’autres possibles. En effet, les réactions post-traumatiques se distribuent sur un continuum d’intensité, allant d’une réaction normale d'adaptation au stress, à un E.S.P.T. chronique. De plus, en situation post-traumatique, la comorbidité est la règle. Plus de 50 p 100 des individus souffrant d’un E.S.P.T. présentent, en même temps, une dépression, et 25 p. 100 un trouble d’anxiété généralisé. Il n’est pas rare d’observer d’autres troubles comorbides à l’E.S.P.T. tels qu’une addiction ou un trouble de la personnalité.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Grazia CESCHI : docteure en psychologie, psychothérapeute, maître d'enseignement et de recherche, université de Genève (Suisse)
Classification
Autres références
-
STRESS AIGU ET TROUBLES PSYCHO-TRAUMATIQUES
- Écrit par Isabelle ROY
- 5 773 mots
À la suite de l’exposition à un événement potentiellement traumatique, une personne peut développer un état de stress aigu et(ou) des troubles psychotraumatiques.
La peur est une émotion normale, nécessaire à la survie de l’être humain. Face à une menace, elle active une « cascade neurobiologique...
-
AMNÉSIE
- Écrit par Francis EUSTACHE
- 1 108 mots
Les amnésies constituent un terme générique qui s’applique à de multiples situations pathologiques : une maladie neurodégénérative, comme la maladie d’Alzheimer, un traumatisme crânien, les conséquences de lésions focales de diverses origines, comme une pathologie infectieuse, vasculaire, tumorale,...
-
EMDR (eye movement desensitization and reprocessing)
- Écrit par Cyril TARQUINIO
- 2 814 mots
- 1 média
...méta-analyses (Bisson et Andrew, 2007) indiquent que les effets thérapeutiques obtenus par la psychothérapie EMDR dans la prise en charge et le traitement de l’état de stress post-traumatique (ESPT) sont équivalents à ceux des thérapies cognitives et comportementales (TCC) les plus étudiées, et sont aussi... -
PSYCHOPATHOLOGIE COGNITIVE
- Écrit par Martial VAN DER LINDEN
- 2 375 mots
...source de danger, ce qui suscite un état d’anxiété lors de la confrontation à ces situations ou à leur anticipation. Il a par ailleurs été montré que les personnes présentant un état de stress post-traumatique ont développé des croyances les amenant à considérer que l’événement traumatique qu’elles... -
TRAUMATISME PSYCHIQUE
- Écrit par Hélène THOMAS
- 1 221 mots
La notion de trauma comporte deux pôles : l‘un médical et l’autre psychique. D'après l'étymologie – trauma, en grec, signifie « blessure » –, l'aspect médical apparaît historiquement en premier. En ce sens, on définira d'abord un traumatisme comme une lésion, une blessure produite...