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STRUCTURE (anthropologie)

Au milieu du xxe siècle, la notion de structure a eu tendance à supplanter, en anthropologie, les notions plus anciennes de système et d'organisation, de forme et de type d'organisation. Trois spécialistes des systèmes de parenté faisaient paraître, coup sur coup, des ouvrages aux titres révélateurs, qui allaient devenir des classiques de la discipline. En 1949, Claude Lévi-Strauss publiait en France ses Structures élémentaires de la parenté, tandis que paraissait aux États-Unis Social Structure de George Peter Murdock, et qu'Alfred Reginald Radcliffe-Brown s'apprêtait à publier, trois ans plus tard, au Royaume-Uni, Structure and Function in Primitive Society. La vogue du structuralisme allait alors commencer, pour une vingtaine d'années environ, avec son lot inévitable d'enthousiasmes irréfléchis, d'illusions et de déconvenues.

Définition(s)

Avec le recul, on s'aperçoit que, sans avoir produit la révolution scientifique annoncée, la notion de structure n'a pas été seulement un thème au goût du jour et sans intérêt propre. Encore faut-il ne pas la confondre avec celle de système ou la réduire à une idée générale et abstraite sans valeur opératoire.

On doit, en effet, distinguer système et structure : l'un étant plutôt un terme synthétique, exprimant l'unité d'un tout, l'autre un terme analytique, désignant la disposition et l'agencement des éléments au sein du tout. La structure est ce qui détermine la forme d'un objet ou, du moins, ce que nous pouvons saisir de cette forme, car celle-ci, en tant que telle, c'est-à-dire comme propriété globale du tout, n'est pas directement conçue par l'esprit, mais seulement donnée dans l'intuition. Pour établir que deux objets ont même forme, ou que l'un est la transformation de l'autre, il faut comparer leurs structures, en établissant entre elles une correspondance point par point. Toute connaissance scientifique est, en ce sens, à la fois structurale et locale – même si la tâche essentielle de la science consiste à découvrir des déterminations locales des formes globales.

La notion de structure est donc un bien commun à toutes les sciences. Comme le physicien étudie la structure des atomes et de leurs constituants, le biologiste celle des êtres vivants et de leurs organes, on attend de l'anthropologue qu'il étudie la structure des sociétés humaines et de leurs institutions. Mais la chose est-elle possible, et, si oui, à quelles conditions ?

L'anthropologie est souvent tentée de reconstruire toutes les structures avec des moyens trop pauvres. Radcliffe-Brown entend décrire les sociétés humaines comme un naturaliste peut décrire et classer les formes vivantes. Partant des individus et des relations qu'ils peuvent nouer deux à deux, il définit la « structure sociale » comme l'ensemble des réseaux d'ordre familial, économique, politique, etc., qu'ils constituent à eux tous, au sein d'un groupe donné. Mais il manque ensuite d'outils conceptuels pour analyser les différentes « formes structurales » que présentent ces réseaux, la manière dont ils se combinent et interagissent les uns avec les autres, ainsi que les frontières qui s'établissent entre les différents groupes.

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Écrit par

  • : anthropologue au Centre de recherche en épistémologie appliquée (C.R.E.A.), École polytechnique

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