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STRUCTURES SYNTAXIQUES, Noam Chomsky Fiche de lecture

Le primat de la syntaxe

Structures syntaxiques a imposé le modèle d’une théorie « classique » à quoi succéderont les théories « standard » et « standard étendue » (1974), puis la théorie « du gouvernement et du liage » (1981) et le « programme minimal » (1995). Progressivement, la distinction en niveaux (structure profonde / structure de surface) est remplacée par un formalisme où les relations de dépendance (gouvernement) sont substituées aux règles de transformation.

« On définira de la meilleure manière la grammaire comme une étude autonome, indépendante de la sémantique. En particulier, la notion de grammaticalité ne peut être identifiée à celle d’interprétabilité. [...] Une grammaire possède une suite de règles par le moyen desquelles est reconstruite la structure syntagmatique ; et une suite de règles morphophonologiques qui convertissent les séquences de morphèmes en séquences de phonèmes. Relie ces suites, une suite de règles transformationnelles qui convertissent les séquences ayant une structure syntagmatique en de nouvelles séquences auxquelles les règles morphophonologiques peuvent s’appliquer. [...] Pour comprendre une phrase, il est nécessaire (bien que non suffisant, naturellement) de reconstruire sa représentation à chaque niveau, y compris au niveau transformationnel, où les phrases noyaux sous-jacentes à une phrase donnée peuvent être considérées en un sens comme les « éléments de contenu élémentaire » à partir desquels cette phrase est construite. Autrement dit, un résultat de l’étude formelle de la structure grammaticale est d’amener au jour un cadre syntaxique qui peut supporter l’analyse sémantique » (Structures syntaxiques).

Pour Chomsky, le cœur du dispositif linguistique est et reste la syntaxe, cette partie de la grammaire qui concerne l’ordre des éléments plutôt que leur constitution qui relève, elle, de la morphologie. Elle constitue l’interface entre une phonologie – que d’autres développeront – et une sémantique dont il esquisse les conditions de possibilité sans pour autant en définir le contenu. Chomsky fait de la syntaxe une suite ordonnée de règles qui transforment les éléments de la langue dans deux directions. L’une, par intégration des séquences, aboutit à la constitution de l’ensemble des phrases grammaticalement acceptables dans une langue donnée ; l’autre, par décomposition en éléments premiers, résout ces suites en morphèmes et en phonèmes. L’appareil de règles permet de convertir d’un plan à l’autre les unités obtenues au plan précédent, que la démarche soit analytique ou synthétique. La modélisation d’un petit nombre de structures élémentaires (les phrases noyaux) et la dérivation à partir de cette liste d’un ensemble de « structures syntaxiques » ont une application dans le traitement automatique des langues, notamment en traduction automatique. Les problèmes de compréhension, en particulier la nécessité de « désambiguïsation » des énoncés, sollicitent la réflexion des linguistes. Ce fut la force de Chomsky que de présenter son modèle comme le plus heuristique dans ce domaine.

— Gabriel BERGOUNIOUX

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  • FONCTION GRAMMATICALE ou FONCTION SYNTAXIQUE

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    • 1 280 mots
    ...phrase en termes de constituants, instaurée par les distributionnalistes, se retrouve sous une forme plus élaborée dans la grammaire générative de Noam Chomsky. Dans son ouvrage de 1957 (Structures syntaxiques, 1969), Chomsky propose de représenter sous forme d'un arbre le découpage de la phrase en...