STUC
La postérité du décor de stuc
Le stuc perdure dans l'art paléochrétien, mais seule Ravenne possède un monument de quelque ampleur avec le baptistère pré-byzantin des orthodoxes du milieu du ve siècle : la voûte éblouissante de mosaïques dorées reposait sur une arcade ornée d'édicules de stuc abritant chacun un évêque, debout dans une pose hiératique. En France, l'époque carolingienne est illustrée par les vestiges du décor en stuc du chœur de l'église de Germigny-des-Prés (début du ixe s.), tandis que la Lombardie conserve un témoignage majeur, l'église de l'abbaye bénédictine de San Pietro del Monte à Civate (dernier quart du xie s.), revêtue de fresques et de stucs polychromes – Crucifixion, Résurrection, mais aussi griffons et Chimères – dans un style proche de celui de la sculpture contemporaine dont le stuc est clairement ici le substitut.
À la Renaissance, la découverte à Rome de la Domus Aurea, résidence de Néron, marque un tournant. Les artistes éblouis viennent en effet copier directement sur place sa célèbre volta dorata dans les « grottes », d'où l'appellation de « grotesques » réservée à ces motifs fantastiques dérivés de l'Antiquité qui vont désormais inspirer les peintres, les sculpteurs et les décorateurs. C'est ainsi que Raphaël réalise le décor de fresques et de stucs des loges du Vatican avec Giovanni da Udine, qui retrouve la composition prescrite par Vitruve pour cet enduit et travaillera aussi à la villa Madame (1519-1523). Le Palais de Té à Mantoue (1530), œuvre de Giulio Romano, est un des foyers du maniérisme. En France, le décor en stuc est introduit par François Ier : les artistes italiens venus travailler au château de Fontainebleau pour Rosso en 1530, Primatice en 1532. Ils créent de grands décors mêlant fresques et encadrements de stucs, parfois dorés, en haut relief (galerie François Ier, chambre du roi, galerie d'Ulysse, chambre de la duchesse d'Étampes). À l'époque baroque le stuc est à nouveau utilisé par les sculpteurs, comme un substitut du marbre ; des personnages en ronde bosse surgissent des cimaises, volontiers dorés et peints, et ces prouesses techniques ne sont réalisables que grâce à des armatures ; cette tradition domine tout le xviiie siècle, dont on citera, parmi les plus belles réalisations, les stucs rococo (1716-1739) de Nymphenburg, résidence d'été des souverains de Bavière, où s'illustra le stucateur Johann Baptist Zimmermann.
Quant au staff, inventé à la fin du xixe siècle, il est lui aussi à base de plâtre fin, posé sur plusieurs couches de toile enduites de colle ; il se prête au moulage et à l'estampage et peut reproduire mécaniquement toutes sortes de motifs ; son faible prix de revient, sa légèreté relative, qui ne nécessite pas la préparation spéciale des supports sur lesquels on l'applique, et la rapidité avec laquelle il peut être mis en place justifient la faveur que le staff a connue dans le décor intérieur depuis 1920 environ, souvent en liaison avec l'adoption de l'éclairage électrique.
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Écrit par
- Nicole BLANC : agrégée, docteur, chargée de recherche au C.N.R.S.
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