AARDMAN STUDIO
Tout commence à Bristol, en 1966, avec les gribouillis de deux camarades d’école, David Sproxton et Peter Lord, passionnés par les séries animées qu’ils découvrent à la télévision. Ils admirent les créations des studios Disney, bien sûr, mais aussi celles du duo Hanna-Barbera (Tom et Jerry), et les monstres de toute nature animés par Ray Harryhausen. Leurs premières tentatives de dessin animé aboutiront à un personnage au menton en galoche portant une cape de justicier. Sur sa poitrine, ils ont inscrit un A majuscule et, pour parodier Superman, l’ont nommé Aardman. Un nom qu’ils trouvaient « rigolo » et qui, de plus, évoquait celui d’un animal sud-africain, l’oryctérope du Cap (aardvark en anglais).
Créer des personnages
Remarquée dans une émission de la B.B.C. consacrée aux jeunes espoirs (les auteurs avaient alors douze et treize ans !), leur séquence de deux minutes est achetée par la chaîne pour une quinzaine de livres. Dès lors, parallèlement à leurs études – au lycée puis à l’université – les deux amis se spécialisent dans l’animation en pâte à modeler. En 1972, au moment de créer leur propre studio, ils le baptisent Aardman. De déménagement en déménagement, le petit studio ne cessera de grandir. Publicités, clips, courts-métrages, brèves séries pour la B.B.C. et Channel Four vont rapidement lui établir une solide réputation.
L’année 1985 est marquée par l’arrivée d’un garçon timide, Nick Park, vingt-six ans, qui cherche à terminer un film d’école en pâte à modeler sur lequel il peine depuis deux années. C’est A Grand Day Out (1989, Une grandeexcursion), qu’il va achever en solitaire sous le label Aardman et dans lequel apparaissent pour la première fois deux personnages qui vont faire le tour du monde : Wallace, l’inventeur naïf au look de retraité, et Gromit, son chien flegmatique, muet mais surdoué dès qu’il s’agit de sortir son maître du pétrin.
Une grande excursion frôle de peu l’oscar du meilleur court-métrage d’animation en 1990, confirmant les dons exceptionnels de Nick Park pour la pâte à modeler animée, un genre qu’il contribue à relancer. Quatre oscars vont suivre (trois pour des courts-métrages, un pour un long-métrage). Le premier, en 1991, pourCreatureComfort (L’Avis des animaux), délirante enquête dans un zoo où tous les pensionnaires se plaignent de leurs conditions de vie. La bande sonore, hilarante et remarquablement synchrone avec l’image, est pour beaucoup dans le succès comique du film. Suivront The Wrong Trousers (1993, Un mauvais pantalon ; oscar 1994) et A Close Shave (1995, Rasé de près ; oscar 1996) qui impose dans le monde entier les deux personnages fétiches de Nick Park, Wallace et Gromit. Autour de leur couple burlesque, l’auteur crée un petit monde douillet, régulièrement perturbé par les éléments venus de l'extérieur. Dans Un mauvais pantalon, un pingouin aux intentions douteuses s'introduit dans le cottage de banlieue des deux héros. La scène de sa filature par Gromit est une séquence digne de Hitchcock. Quant à la poursuite finale sur un train électrique, elle évoque les prouesses acrobatiques d’Indiana Jones et le temple maudit... Même brio dans Rasé de près, où Gromit affronte un dogue patibulaire dans une machine infernale.
Ces trois oscars remportés coup sur coup attirent l’attention de Steven Spielberg. En 1997, celui-ci propose à Nick Park et Peter Lord de réaliser un long-métrage coproduit par Dreamworks (David Sproxton, de son côté, endosse de plus en plus un rôle de supervision et de gérant des affaires financières). Ainsi naît Aardman Features, deuxième studio d’où, après un travail gigantesque (cent cinquante personnes à plein temps sur vingt-cinq plateaux) sort ChickenRun (2000), une coproduction Aardman-Pathé-Dreamworks. Cette fois, le héros est un coq nommé Rocky (doublé en France par Gérard[...]
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Écrit par
- Bernard GÉNIN : journaliste de cinéma
Classification
Média
Autres références
-
ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Cinéma
- Écrit par N.T. BINH
- 3 446 mots
- 4 médias
...bien servi en Grande-Bretagne à plusieurs reprises, notamment lorsque George Dunning réalisa Le Sous-Marin jaune sur une musique des Beatles en 1968, ou, vingt-cinq ans plus tard, lorsque lesstudios Aardman, Nick Park en tête, firent des personnages de Wallace et Gromit des vedettes internationales>.