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LA VICTORINE STUDIOS DE

Dès la première décennie du xxe siècle, des firmes – françaises, mais aussi anglaises et allemandes – mettent à profit la photogénie du ciel, de la mer et des paysages méridionaux lors de campagnes de tournages hivernaux sur la Riviera. Afin de faciliter le travail des équipes, Charles Pathé édifie en 1908 un studio sur les rives du Paillon à Nice-Est. Léon Gaumont fait de même en 1913 sur les pentes de la colline de Carras, à Nice-Ouest. Le cinéma est donc très présent dès les années 1910, si bien que, dès la fin de la Grande Guerre, va naître le projet d’une cité du cinéma semblable à Hollywood qui achève de s’édifier en Californie.

Jeunes entrepreneurs aventuriers œuvrant à l’intérieur de l’empire Pathé, Serge Sandberg et Louis Nalpas, directeur du Film d’Art, fondent à Nice la société Ciné-Studio. Sandberg réunit les fonds et Nalpas s’occupe du terrain et des travaux. Ils achètent sept hectares de terrain qui avaient été la « campagne » de la famille niçoise du maréchal d’empire Masséna acquise par son descendant Victor Masséna, d’où le nom de Victorine.

Inaugurée en 1919, La Victorine connaît des débuts difficiles : il faut défricher, aplanir, créer les moyens d’accès, raccorder eau et électricité, construire les plateaux, équiper… Bientôt, Sandberg et Nalpas se brouillent et les studios sont alors loués aux firmes film à film. Pourtant, le lieu est sublime, et des réalisateurs tournent au milieu d’un chantier qui n’en finit pas : Henri Fescourt, René Le Somptier, Germaine Dulac, Léonce Perret, René Navarre, Léon Poirier, Gennaro Dini, Marcel L’Herbier.

Rex Ingram et le rêve américain

<em>Mare Nostrum</em>, R. Ingram - crédits : Archive PL /Alamy/ hemis.fr

Mare Nostrum, R. Ingram

En 1924, Rex Ingram, qui a « découvert » Rudolph Valentino, est un des trois plus grands réalisateurs d’Hollywood avec D. W. Griffith et Thomas Ince. Mais sa culture très « vieille Europe » l’oppose à Louis B. Mayer, « patron » de la Metro. Pour réaliser Mare Nostrum(1926) d’après Blasco Ibáñez, il exige d’aller en Méditerranée au lieu de filmer à Hollywood. Son choix se porte sur La Victorine qu’il modernise et agrandit, reconstituant Naples et le Vésuve en décors éclairés de spots puissants. Il s’imprègne de l’atmosphère qui nourrit son inspiration dans cinq autres films. Si Hollywood se lasse de son esthétique dispendieuse, La Victorine connaît grâce à lui son premier âge d’or. Léonce Perret y réalise en même temps des films spectaculaires (La Femme nue, Morgane la sirène, 1926-1927), ainsi qu’Alexandre Volkoff dans les somptueux décors de Lochakoff (Shéhérazade, 1928) ; d’autres exilés russes tournent avec Ivan Mosjoukine. L’avènement du cinéma parlant sera funeste à Rex Ingram. Quant à Sandberg, resté seul maître des studios, il a vendu La Victorine en 1927 à la Franco-Film. Prospères, les studios sont sonorisés et les films parlants s’enchaînent pendant les années 1930 au rythme d’une dizaine par an. Il s’agit pour la plupart de comédies et de policiers de série.

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Écrit par

  • : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen

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Média

<em>Mare Nostrum</em>, R.&nbsp;Ingram - crédits : Archive PL /Alamy/ hemis.fr

Mare Nostrum, R. Ingram

Autres références

  • GAUMONT

    • Écrit par
    • 1 138 mots
    ...alors la fusion de plusieurs firmes sous le nom de Gaumont-Franco-Film-Aubert qui adjoint aux installations de Gaumont les studios de Saint-Maurice et ceux de la Victorine à Nice. La GFFA abandonne ses dernières succursales étrangères et la fabrication de matériel, distribue (par exemple, L'Atalante...