SUCCESSION IMPÉRIALE, Rome
Auguste avait établi sa puissance sur la force et la fidélité de son armée et sur la reconnaissance de ses pouvoirs par le Sénat et par le peuple. Cet aspect « républicain » se devait de subsister et, pour tous les successeurs, existèrent, pas toujours en même temps ni dans le même ordre, la reconnaissance par l'armée, l'investiture du Sénat et la confirmation par le peuple (lex de imperio). Mais ce ne pouvait être suffisant pour garantir la stabilité du pouvoir, but qu'Auguste poursuivait pour assurer la sécurité de Rome ; il ne pouvait désigner ouvertement son successeur, mais il sut utiliser l'idée que la protection divine s'étendait sur lui-même et sur sa famille. Il était admis que seul un membre de la gens d'Auguste pouvait lui succéder ; de là les indications successives en faveur de son neveu Marcellus, de ses petits-fils Caius et Lucius, de son gendre Tibère. C'est à cette idée dynastique que sont dues l'arrivée au pouvoir de Caligula, de Claude, de Néron et l'existence des dynasties flavienne, sévérienne ou constantinienne.
Cependant, la mort de Néron et la disparition des derniers descendants de la lignée julio-claudienne firent réapparaître une notion déjà ancienne, celle du choix du meilleur, réalisé par l'armée, le Sénat ou l'empereur régnant lui-même, suivant les cas. Ainsi fut fait avec l'arrivée au pouvoir de Galba et le choix qu'il fit de Pison, avec celle de Nerva et la désignation de Trajan, avec celle de Pertinax et, surtout, avec la création de la tétrarchie par Dioclétien. Ce ne furent là que des exceptions ; l'idée dynastique resta toujours la plus forte, même cachée, comme sous les Antonins qui, à part Marc Aurèle, n'eurent pas de fils et furent obligés de trouver des substituts à l'hérédité par l'adoption dans le cadre de leur famille. La nécessité d'attacher son pouvoir à une lignée était si puissante que Septime Sévère pratiqua une adoption posthume qui le fit le fils de Marc Aurèle et que, au cours de la crise du iiie siècle, chaque empereur chercha à assurer son propre pouvoir en désignant son fils à sa succession. Au ive siècle, l'idée dynastique ne fut plus discutée.
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Écrit par
- Jean-Pierre MARTIN : professeur d'histoire romaine à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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