- 1. Sucre, sucres, produits sucrés et sucrants
- 2. Canne à sucre, les premières migrations d’une plante tropicale
- 3. Grandes découvertes et diffusion de la culture de la canne à sucre
- 4. Révolution industrielle et essor de la betterave à sucre
- 5. Troisième mondialisation et forte progression de la demande de sucre
- 6. Plantes sucrières et production de sucre
- 7. Des cultures « industrielles »
- 8. Principaux procédés d’obtention du sucre
- 9. L’essor de la production de sucre de canne
- 10. Le rôle majeur des politiques sucrières
- 11. Sucre européen et mondialisation
- 12. Vers un nouveau paysage sucrier européen
- 13. Le Brésil, arbitre du marché mondial du sucre
- 14. Bibliographie
- 15. Site internet
SUCRE
Grandes découvertes et diffusion de la culture de la canne à sucre
Lors de la première mondialisation, correspondant aux grandes découvertes maritimes du xvie siècle, les Portugais ont joué un rôle majeur dans la diffusion de la culture de la canne à sucre, plante qu’ils produisaient déjà dès le xve siècle en Algarve (dans le sud du Portugal) et à Madère. L’ouverture de la route des Indes par Vasco de Gama leur a permis de devenir les premiers fournisseurs de sucre du marché européen. Le développement de sucreries sur les côtes nord-est du Brésil, consécutif à la découverte de ces terres par Pedro Álvares Cabral en 1500, a renforcé cette position. Dès 1570, on dénombre soixante engenhosau Brésil, principalement situés dans les régions de Natal, de Recife et de Salvador de Bahia. Le terme engenhodésigne au sens strict le moulin destiné au broyage de la canne à sucre. Très vite, cette appellation a pris un sens beaucoup plus large pour signifier le complexe sucrier dans sa totalité : les champs de canne à sucre, les logements sommaires de la main-d’œuvre, les hangars de stockage et l’ensemble des matériels (moulins, chaudrons, bacs de refroidissement…) nécessaires à la production de sucre. Le premier engenhoa été implanté en 1532 à São Vicente (dans le sud de l’actuel État de São Paulo) par une société commerciale rassemblant plusieurs associés portugais et un représentant de la banque Schetz d’Anvers, ce qui souligne l’importance des capitaux à réunir pour mettre en place ce type de complexe. Les besoins en main-d’œuvre y étant considérables, les Portugais ont fait venir dès le début du xviie siècle des esclaves d’Afrique, en particulier d’Angola, dans le contexte colonial d’un commerce triangulaire entre le Portugal, l’Afrique et le Brésil.
Dès le milieu du xviie siècle, les Portugais sont concurrencés pour le commerce du sucre par d’autres pays européens, dont les Pays-Bas et la France, qui développent alors des plantations de canne à sucre dans différentes îles du monde caraïbe. Les Français ont multiplié les sucreries dès cette époque dans les Antilles (Martinique, Guadeloupe et Saint-Domingue), la production de cette denrée y étant également encouragée dans le cadre d’un commerce triangulaire, l’abondante main-d’œuvre nécessaire étant fournie par la traite d’esclaves noirs déportés depuis les côtes africaines du golfe de Guinée. Dans ce contexte à la fois colonial et mercantiliste, les sucreries ne peuvent être implantées, en raison des problèmes de poids et de déperdition de la teneur en sucre que pose le transport de la canne, que sur les lieux mêmes de sa production. En revanche, les raffineries se développent dans les grands ports européens d’importation tels que ceux de Nantes et de Bordeaux pour la France. Si le sucre a été ainsi l’un des tout premiers produits à faire l’objet d’échanges internationaux relativement importants, il demeure à cette époque une denrée de luxe. Toutefois, sa consommation commence à se diffuser, comme celles du café et du chocolat, dans les catégories les plus aisées de la population.
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Écrit par
- Jean-Paul CHARVET : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France
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