- 1. Sucre, sucres, produits sucrés et sucrants
- 2. Canne à sucre, les premières migrations d’une plante tropicale
- 3. Grandes découvertes et diffusion de la culture de la canne à sucre
- 4. Révolution industrielle et essor de la betterave à sucre
- 5. Troisième mondialisation et forte progression de la demande de sucre
- 6. Plantes sucrières et production de sucre
- 7. Des cultures « industrielles »
- 8. Principaux procédés d’obtention du sucre
- 9. L’essor de la production de sucre de canne
- 10. Le rôle majeur des politiques sucrières
- 11. Sucre européen et mondialisation
- 12. Vers un nouveau paysage sucrier européen
- 13. Le Brésil, arbitre du marché mondial du sucre
- 14. Bibliographie
- 15. Site internet
SUCRE
Troisième mondialisation et forte progression de la demande de sucre
À partir du début du xxe siècle et sur une longue période, la consommation annuelle de sucre par habitant a fortement progressé. De 5 kilogrammes en 1900, elle est passée à 12 en 1930, puis à 18 en 1970. Elle est, de nos jours, supérieure à 20 kilogrammes (20,2 en 2011). À cette progression se sont ajoutées la croissance de la démographie mondiale (3 milliards en 1960 et 7 milliards en 2012) et celle de l’urbanisation des populations. Tous ces facteurs expliquent que la demande mondiale de sucre, qui était de l’ordre de 50 millions de tonnes (Mt) en 1960, soit passée à plus de 125 Mt en 2000 et à 184 Mt en 2015. Celle-ci demeure toutefois très contrastée sur le plan social ainsi que sur le plan géographique. Les nutritionnistes, pour leur part, estiment optimale une consommation de sucre de l’ordre de 25 à 30 kilogrammes par habitant et par an.
Le record mondial de consommation de sucre demeure détenu par Cuba, bien que la production de cette denrée ait nettement reculé dans ce pays depuis les années 1990. On peut penser que cette consommation élevée vient compenser les déficits d’autres produits alimentaires.
Les principaux clivages qui apparaissent au niveau de la consommation mondiale s’expliquent par deux facteurs principaux. Le premier concerne le niveau de développement économique : on consomme davantage de sucre dans les pays industrialisés (États-Unis, Union européenne…) que dans les pays en développement, en particulier dans ceux de l’Afrique subsaharienne (Afrique du Sud exclue). Dans le contexte de la transition alimentaire que connaissent les pays émergents, en liaison avec l’enrichissement d’une partie au moins de leur population, la consommation de sucre progresse, y compris dans des pays comme la Chine où cette consommation était traditionnellement très modeste. Le second facteur est d’ordre culturel. Ainsi, en Inde, berceau des techniques d’extraction du sucre de canne, la consommation de sucre est encore aujourd’hui trois fois plus importante qu’en Chine. De même, les pays du monde caraïbe comme ceux d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, où la production de sucre a été développée dès les xvie et xviie siècles et où sa consommation fait partie de la culture alimentaire locale, présentent des niveaux élevés de consommation de sucre. En Afrique du Nord et au Moyen-Orient, les traditions alimentaires font une large place à des pâtisseries et à du thé à la menthe très riches en sucre : ces traditions remontent au Moyen Âge, époque où le grand commerce caravanier reliait le monde indien au monde méditerranéen. De nos jours, dans les villes des pays en développement, la mode de la consommation de boissons gazeuses sucrées, symbole de l’occidentalisation des habitudes alimentaires, se diffuse de plus en plus.
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Écrit par
- Jean-Paul CHARVET : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France
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