- 1. Sucre, sucres, produits sucrés et sucrants
- 2. Canne à sucre, les premières migrations d’une plante tropicale
- 3. Grandes découvertes et diffusion de la culture de la canne à sucre
- 4. Révolution industrielle et essor de la betterave à sucre
- 5. Troisième mondialisation et forte progression de la demande de sucre
- 6. Plantes sucrières et production de sucre
- 7. Des cultures « industrielles »
- 8. Principaux procédés d’obtention du sucre
- 9. L’essor de la production de sucre de canne
- 10. Le rôle majeur des politiques sucrières
- 11. Sucre européen et mondialisation
- 12. Vers un nouveau paysage sucrier européen
- 13. Le Brésil, arbitre du marché mondial du sucre
- 14. Bibliographie
- 15. Site internet
SUCRE
Plantes sucrières et production de sucre
Cent treize pays produisent du sucre dans le monde : soixante-dix d’entre eux, essentiellement localisés dans le monde tropical, l’élaborent à partir de la canne ; trente-six pays, principalement situés sous les latitudes tempérées, l’extraient de la betterave sucrière ; enfin, sept États cultivent, mais dans des régions différentes, à la fois la betterave sucrière et la canne à sucre. Parmi ce dernier groupe de pays figurent les États-Unis, avec des cultures de betterave à sucre dans les régions proches de la frontière canadienne (tel le secteur de la Red River Valley, aux confins du Minnesota et du Dakota du Nord) et de canne à sucre en Floride et à Hawaï. C’est aussi le cas de la France, avec une production de betterave en métropole (principalement dans le Bassin parisien) et de canne à sucre dans les départements d’outre-mer (Martinique, Guadeloupe, Réunion). On retrouve également des situations comparables dans des pays tels que le Maroc, l’Égypte, l’Iran et le Japon.
La betterave sucrière (Beta vulgaris L.), dont la racine charnue est riche en sucre, est semée au début du printemps et est récoltée de septembre à novembre : c’est une culture annuelle. Cette plante a fait l’objet d’améliorations importantes par sélection naturelle avec la mise au point de semences monogermes (chaque semence ne donnant qu’une seule betterave, ce qui élimine les anciennes opérations dites de « démariage », qui étaient alors très coûteuses en main-d’œuvre), de variétés résistantes aux parasites et aux maladies et présentant des teneurs plus élevées en sucre. Des variétés de betteraves génétiquement modifiées pour être résistantes aux herbicides totaux (non sélectifs) ont aussi été développées (betteraves dites Ht pour herbicide tolerant). Aux États-Unis, 95 p. 100 de la production de betteraves à sucreest aujourd’hui issue de ces plantes génétiquement modifiées (PGM), ce qui représente plus de 50 p. 100 du sucre vendu dans ce pays. Les premières mises en culture de ces variétés transgéniques datent de 2005.
La canne à sucre est une plante herbacée tropicale qui appartient à la famille des Poacées (Poaceae), anciennement Graminées. En fait, elle désigne plusieurs espèces du genre Saccharum. On extrait le sucre à partir de sa tige. Cette plante tropicale peut s’adapter à des sols variés (contrairement à la betterave sucrière qui nécessite des sols limoneux et profonds) si elle dispose de suffisamment d’eau (d’où le recours, dans certaines régions, à l’irrigation). Toutefois, elle est sensible aux excès d’humidité, ce qui implique parfois des opérations de drainage. Elle réclame également des températures élevées. Dans l’Union européenne, à part dans les départements d’outre-mer, la canne à sucre n’est plus cultivée, après l’avoir été dans le sud de l’Espagne et en Grèce, sur des surfaces très limitées. Bien que ce soit une graminée, sa mise en culture est essentiellement effectuée par bouturage. De très nombreuses variétés ont été identifiées, ce qui a permis la création des nombreux hybrides aujourd’hui cultivés. Au Brésil, une partie des cannes à sucre cultivées correspond à des plantes génétiquement modifiées. La première récolte peut avoir lieu 10 à 12 mois (voire 14 à 16 mois) après la plantation des boutures. Le champ est ensuite exploité durant 2 à 10 ans avant d’être replanté. La canne à sucre est donc, contrairement à la betterave, une culture pluriannuelle. Pourtant, les plantations les plus modernes ne sont exploitées que sur des périodes de 2 à 3 ans ou, au plus, de 5 à 6 ans. Cela peut constituer un handicap dans le contexte de cours mondiaux du sucre particulièrement fluctuants, les cannaies pouvant arriver à pleine production lors de périodes de bas prix et participer alors au maintien de prix déprimés. [...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Paul CHARVET : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France
Classification
Médias
Autres références
-
ABOLITIONNISME, histoire de l'esclavage
- Écrit par Jean BRUHAT
- 2 943 mots
- 3 médias
En 1834 est fondée la Société pour l'abolition de l'esclavage. Les conditions deviennent favorables, car l'essor du sucre de betterave au détriment du sucre de canne diminue l'intérêt économique des colonies qui étaient spécialisées dans cette production. -
ALIMENTATION (Aliments) - Classification et typologie
- Écrit par Ambroise MARTIN
- 4 590 mots
- 1 média
Cette catégorie d'aliments inclut le sucre pur de cuisine (ou saccharose, chimiquement bien défini) et les produits dont l'ingrédient majoritaire est le sucre ou un analogue. La caractéristique organoleptique principale est donc le goût sucré. Chimiquement, ces sucres ont une structure simple. Ils... -
ALIMENTATION (Aliments) - Technologies de production et de conservation
- Écrit par Paul COLONNA
- 7 414 mots
- 3 médias
Lasucrerie fonctionne à partir de betteraves sucrières et de canne à sucre. L' extraction du saccharose se fait par diffusion du sucre dans l'eau, puis clarification du jus sucré et concentration par cristallisation. En découle la confiserie où le sucre fondu sert de matrice pour des... -
AMÉRIQUE (Histoire) - Amérique portugaise
- Écrit par Frédéric MAURO
- 4 217 mots
- 6 médias
Vers 1570, le sucre succède au bois comme produit dominant de l'économie brésilienne. Cette domination va durer jusqu'au début du xviiie siècle, lorsque l'or prendra le relais du sucre. - Afficher les 30 références