SUÈDE
Nom officiel | Royaume de Suède (SE) |
Chef de l'État | Le roi Carl XVI Gustaf (depuis le 15 septembre 1973) |
Chef du gouvernement | Ulf Kristersson (depuis le 18 octobre 2022) |
Capitale | Stockholm |
Langue officielle | Suédois |
Unité monétaire | Couronne suédoise (SEK) |
Population (estim.) |
10 578 000 (2024) |
Superficie |
447 425 km²
|
La littérature
En matière de littérature, l'originalité de la Suède, dans le concert des nations nordiques, vient de son éclectisme. Il n'est pas de domaine où elle ne se soit illustrée avec éclat. Et si les débuts furent difficiles, la période présente a quelque chose d'étincelant, même si une approche de type éthique semble marquer ces inspirations.
Sous le signe de la religion et de l'étranger
Les origines de la littérature suédoise sont obscures et modestes. Avant le xiie siècle, la Suède ne livre guère que des inscriptions runiques réparties sur tout le territoire et dont les plus anciennes pourraient remonter au ive siècle de notre ère. Le plus souvent commémoratives (d'un mort illustre ou de quelque bienfait) et brèves, elles seraient d'une navrante monotonie – n'étaient le sens magique de beaucoup d'entre elles et, parfois, le mètre poétique de certains textes, hautement élaboré malgré son archaïsme. Fait remarquable, non seulement ces inscriptions sont en nombre fort important – bien plus que dans les autres pays scandinaves continentaux – mais la diversité des sujets qu'elles abordent, par allusions rapides, si elle est correctement interprétée, peut donner une bonne idée de l'univers mental et de l'histoire des Vikings qui les ont consignées. Elles constituent à ce titre une source d'information capitale.
La Suède n'ayant été christianisée que vers 1100, c'est seulement à partir de cette date qu'elle apprend à écrire, sous la férule de l'Église. Sa littérature naît dans les monastères, en latin, à l'école des clercs et sous une influence française, puis allemande, enfin danoise, puisque le pays ne se libérera de la tutelle du Danemark qu'en 1523.
De cette époque on ne retient que certains textes de lois provinciales et coutumières (Vestrogothie et Gotland surtout), consignés au début du xiiie siècle au plus tôt, dont l'intérêt est avant tout de restituer une fort ancienne tradition orale, visible dans les formulations archaïques allitérées, au rythme poétique proche de celui des texte eddiques ; et des adaptations de textes chevaleresques français et allemands, dont Le Chevalier au lion de Chrétien de Troyes : Les Chansons d'Euphémie (début du xive siècle). la Chronique d'Éric, qui versifie l'histoire de Suède de 1220 à 1320, constituent de bons documents historiques.
S'imposent alors les œuvres de Petrus de Dacie et surtout de sainte Brigitte (1303-1373), fondatrice de l'ordre des Brigittins et mystique ardente qui consigna en suédois puis fit traduire en latin ses Révélations où les sombres visions apocalyptiques et les méditations d'une haute spiritualité alternent avec un souci du détail concret et un pittoresque d'une prenante fraîcheur. Dogmatique intransigeante, elle orchestre, dès le début, le thème du radicalisme suédois. Voici donc en place les assises fondamentales du génie suédois en matière de lettres : une tendance profonde et comme inaliénable au mysticisme, point trop éthéré, en vérité, mais ardent à trouver une communion avec l'Essence ; simultanément, et non sans paradoxe, une volonté de réalisme qui fait que jamais les implications concrètes de l'expérience ne sont oubliées ; enfin, ce sens de l'ordre, de la loi, qui sera qualifié un jour d'absolutisme.
Il faut en outre faire une place à part, ici comme dans les autres pays scandinaves, aux chants populaires ou folkvisor, d'âge et d'origine incertains, qui brodent sur tous les sujets possibles en vers (knittel) simples, souvent naïfs, ponctués par un refrain. Le style en est plus évolué qu'il n'y paraît, et les sources sont d'une infinie diversité. Il semble bien, toutefois, que l'influence principale exercée sur ces chants dansés vienne de la carole française et des milieux[...]
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Écrit par
- Régis BOYER : professeur émérite (langues, littératures et civilisation scandinaves) à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Michel CABOURET : professeur de géographie humaine, économique et régionale à l'université de Metz, U.F.R. de lettres et sciences humaines, membre de l'Académie Gustave-Adolphe d'Uppsala (Suède)
- Maurice CARREZ : ancien élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm et de l'Institut national des langues et civilisations orientales, professeur d'histoire contemporaine à l'institut des hautes études européennes de l'université de Strasbourg
- Georges CHABOT : directeur honoraire de l'Institut de géographie de l'université de Paris
- Jean-Claude MAITROT : professeur de droit public à l'université de Paris-V-René-Descartes
- Jean-Pierre MOUSSON-LESTANG : professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université Robert-Schuman, Strasbourg
- Lucien MUSSET : maître de conférences à l'université de Caen
- Claude NORDMANN : professeur à l'université de Lille-III
- Jean PARENT : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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