SUISSE
Nom officiel | Confédération suisse (CH) |
Chef de l'État et du gouvernement | Viola Amherd (depuis le 1er janvier 2024) |
Capitale | Berne 1
|
Langues officielles | Allemand, français, italien (le romanche est une langue officielle localement) |
Unité monétaire | Franc suisse (CHF) |
Population (estim.) |
8 932 000 (2024) |
Superficie |
41 291 km²
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Article modifié le
La littérature suisse romande
Lorsque nous ouvrons les livres des écrivains de la Suisse romande, gardons en mémoire deux faits. Le premier vaut aussi pour la Wallonie et le Québec. Le français est la langue des Romands, la seule, à part quelques patois de fonds de vallées. Tous les auteurs français, y compris les Suisses tels Rousseau, Constant, Madame de Staël ou Cendrars que la France s'est adjugés, sont aussi leurs auteurs. La culture française leur est consubstantielle. Seulement, il y a le second fait, qui peut troubler un Français de France : la Suisse est une alliance de petits pays. Même dans le périmètre francophone, où vit un peu plus d'un million d'habitants, la diversité étonne. L'éparpillement et souvent la solitude des créateurs peuvent donner une trompeuse impression de pauvreté. En vérité, une attitude non française, et qu'on ne qualifiera pas trop vite d'helvétique, car nous la retrouvons en Italie, amène de grands écrivains à se persuader qu'ils parviendront à s'accomplir en demeurant au lieu des origines.
Climat littéraire des six pays et républiques de la Suisse romande
Chez ces enfants de Rousseau, on n'échappe pas aux paysages et aux climats. Le Valais, méridional et alpestre, fortement tenu par la tradition catholique, a porté un très beau Moyen Âge paysan jusqu'au xxe siècle. La littérature, distincte du discours ecclésiastique et de la chronique, y est apparue avec Maurice Zermatten (1910-2001) qui, dès 1936, a cherché à se dégager des écrits de terroir par une œuvre romanesque ambitieuse, abondante. Mais il appartint à un couple d'écrivains d'atteindre à une réelle modernité, incarnant avec une force sans précédent la liberté créatrice et la percée lyrique : Corinna Bille (1912-1979) partit du monde paysan avec son roman Théoda (1945) pour devenir l'un des maîtres européens de la nouvelle. Maurice Chappaz (1916-2009) a trouvé son premier souffle dans le Testament du Haut-Rhône (1953), en disant adieu à la vieille civilisation montagnarde. Puis ce poète de la vigueur, de l'invention verbale et de la goutte d'infini a empoigné la trique et, surgissant entre Dieu et le Diable dans Le Match Valais-Judée (1968), a bâtonné les hôteliers abusifs. À travers ses récits et sa poésie, son œuvre n'a cessé de s'enrichir (À rire et à mourir, 1983, Valais-Tibet, 2000, Évangile selon Judas, 2001).
Genève, à l'opposé, est une république qui se résume à une ville et, depuis Calvin que la Suisse s'est attribué, elle est la Rome réformée. On notera, pour en mesurer les conséquences dans le langage et la littérature, que Genève, comme Lausanne, possède depuis le xvie siècle cette rareté : une haute école protestante de langue française. Les amitiés y sont volontiers anglo-saxonnes, les lectures allemandes, bref, l'ouverture est naturelle sur le monde, Jean Starobinski, Georges Haldas ou Nicolas Bouvier en témoignent.
Fribourg, nouveau contraste, se signale par une université papiste à côté du tohu-bohu d'une basse ville populaire qu'aimait et décrivait un pratiquant capricant, Charles-Albert Cingria (1883-1954). Fribourg a l'originalité d'être à cheval sur la frontière des langues. Liée depuis le Moyen Âge à la Suisse allemande des cantons primitifs, elle a cru viscéralement aux vertus des brandisseurs de hallebarde et de goupillon, et, littérairement, ces nobles sentiments ont fleuri avec une fraîcheur surprenante dans l'œuvre de Gonzague de Reynold (1880-1970). L'expérience de sa terre, qu'il appellera la Nuithonie, inspirera ses grands portraits historiques de l'Europe.
Neuchâtel propose d'autres écrivains à particule et aux appétits européens, mais ils sont ici protestants et se rapprochent de Genève. Ainsi Guy de Pourtalès (1881-1941), le romancier de [...]
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Écrit par
- Bernard DEBARBIEUX : professeur à l'université de Genève (Suisse)
- Frédéric ESPOSITO : docteur ès sciences politiques, chargé de cours, responsable de la Plate-forme Europe
- Bertil GALLAND : homme de lettres, éditeur
- Paul GUICHONNET : professeur honoraire à l'université de Genève
- Adrien PASQUALI : docteur en littérature française, chercheur auprès du Fonds national suisse de la recherche scientifique
- Dusan SIDJANSKI : professeur honoraire à l'université de Genève et à l'Institut universitaire d'études européennes
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
SUISSE, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
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ALPES
- Écrit par Jean AUBOUIN , Bernard DEBARBIEUX , Paul OZENDA et Thomas SCHEURER
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