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SUPERFLUIDITÉ

Les propriétés singulières de l’hélium 4 à la lumière de la théorie de la superfluidité

Quelques propriétés spectaculaires de l’hélium 4

La superfluidité de l’hélium en dessous de 2,2 K - crédits : J. F. Allen et J. M. G. Armitage, St Andrews, 1982/ University of St Andrews ; reproduced with permission from the School of Physics & Astronomy, University of St Andrews

La superfluidité de l’hélium en dessous de 2,2 K

C'est à Leyde en 1908 que Kamerlingh Onnes avait réussi pour la première fois à liquéfier l'hélium 4, à 4,2 K sous pression atmosphérique, mais il ne découvrit pas sa superfluidité. Les premières propriétés étonnantes de l'hélium liquide ont été découvertes en 1932 par John McLennan, à Toronto. Celui-ci s'aperçut en effet que ce liquide cessait de bouillir près du zéro absolu de température, c'est-à-dire près de 0 kelvin. En 1936-1937, Willem et Ania Keesom (Leyde, Pays-Bas), puis John Allen, Rudolf Peierls et Zaki Uddin (Cambridge, Royaume-Uni) découvrirent que ce liquide très froid conduisait étonnamment bien la chaleur, ce qui expliquait l'absence d'ébullition (Allen, 1937).

Singularité de la chaleur spécifique de l’hélium liquide - crédits : Encyclopædia Universalis France

Singularité de la chaleur spécifique de l’hélium liquide

En 1932-1935, Willem et Ania Keesom avaient aussi mesuré la chaleur spécifique de l'hélium liquide – c'est-à-dire la quantité de chaleur nécessaire pour élever sa température par degré et par unité de masse – et découvert que cette chaleur, tracée en fonction de la température de leur échantillon, présentait un maximum pointu en forme de lettre grecque lambda (Keesom, 1932, 1935). Ils avaient donc baptisé « point lambda » – ou Tλ – la température en dessous de laquelle cet étrange phénomène avait lieu. Cela suggérait que l'hélium liquide changeait d'état, devenait plus ordonné en dessous de Tλ dont on sait aujourd'hui que la valeur précise est 2,176 K. On appela « hélium I » le liquide normal au-dessus de Tλ et « hélium II » le liquide anormal qui apparaît en dessous de Tλ.

À Toronto, en 1935, E. F. Burton mesura la viscosité de l'hélium liquide en y faisant osciller une pièce cylindrique et montra que celle de l'hélium II était inférieure à celle de l'hélium I ; mais c'est seulement fin 1937 que Kapitsa, à Moscou, et John Allen, à Cambridge, démontrèrent que la viscosité de l'hélium liquide devenait anormale à basse température. Kapitsa montra que l'hélium II semblait s'écouler sans frottement apparent entre deux disques polis pressés l'un contre l'autre, et affirma que sa viscosité était au moins mille fois inférieure à celle de l'hélium I ; c'est alors qu'il introduisit le mot anglais « superfluid ». Grâce à une étude plus précise, Allen montra au même moment, à Cambridge avec A. D. Misener, que l'écoulement de l'hélium II à travers des tubes capillaires de taille micronique n'obéissait à aucune loi connue en hydrodynamique classique.

Effet fontaine de l’hélium superfluide - crédits : Reproduced with permission from the School of Physics & Astronomy, University of St Andrews © University of St Andrews.

Effet fontaine de l’hélium superfluide

Entre 1936 et 1939, B. V. Rollin, F. Simon, J. G. Daunt et K. Mendelssohn montrèrent à Oxford que l'hélium superfluide était capable de s'écouler hors d'un récipient par l'intermédiaire du film liquide mince qui en recouvre les parois : en somme, un récipient rempli d'hélium superfluide est capable de se vider tout seul. On découvrit beaucoup d'autres propriétés étonnantes, en particulier l'« effet fontaine ». En 1938, et cette fois avec H. Jones, Allen découvrit en effet qu'il suffisait de chauffer légèrement l'hélium « superfluide » d'un côté d'un fin capillaire pour faire jaillir une fontaine. C'est cet effet non moins impossible à expliquer dans le cadre de la physique classique qui allait déclencher la réflexion de London et Tisza et le début de la compréhension théorique de la superfluidité.

Condensation de Bose-Einstein et modèle à deux fluides

La superfluidité est une propriété essentiellement quantique. Fritz London a calculé la température à laquelle une condensation de Bose-Einstein pouvait avoir lieu dans un hypothétique gaz parfait d'hélium 4 qui aurait la même densité que le liquide.[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche émérite CNRS, Laboratoire de physique de l'École normale supérieure, Paris, membre de l'Académie des sciences

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La superfluidité de l’hélium en dessous de 2,2 K - crédits : J. F. Allen et J. M. G. Armitage, St Andrews, 1982/ University of St Andrews ; reproduced with permission from the School of Physics & Astronomy, University of St Andrews

La superfluidité de l’hélium en dessous de 2,2 K

Singularité de la chaleur spécifique de l’hélium liquide - crédits : Encyclopædia Universalis France

Singularité de la chaleur spécifique de l’hélium liquide

Effet fontaine de l’hélium superfluide - crédits : Reproduced with permission from the School of Physics & Astronomy, University of St Andrews © University of St Andrews.

Effet fontaine de l’hélium superfluide

Autres références

  • BOSONS ET FERMIONS

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    – Le phénomène de superfluidité de l’hélium-4 porté à une température inférieure à 1,8 kelvin est la signature du fait que tous les atomes de l’échantillon abandonnent leur liberté individuelle pour réagir de manière collective.
  • ÉTAT DE LA MATIÈRE, notion d'

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    ...quelques kelvins [0 K ≈ – 273 0C]), cette propriété a été ensuite observée dans certains matériaux à des températures plus facilement accessibles. La superfluidité est la disparition de la viscosité de quelques liquides formés par des atomes d'hélium. Ces deux comportements sont qualitativement expliqués...
  • FLUIDE, physique

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  • FROID, physique

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    La superfluidité de l'hélium apparaît lorsqu'on refroidit de l'hélium liquide, par exemple en diminuant la pression, ce qui produit l'évaporation du liquide et donc son refroidissement ; à 2,2 K, le liquide change brutalement de propriétés physiques, sa viscosité devient...
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