SUPERVOLCANS
Les conséquences des superéruptions
Bien qu'aucune superéruption n'ait encore été décrite, l'étude des dépôts produits par les éruptions anciennes et l'extrapolation des modèles élaborés pour les éruptions explosives « classiques » permettent d'envisager les conséquences des superéruptions. En raison de leur intensité, on s'attend à ce qu'elles aient un impact colossal sur l'environnement, probablement le plus fort que puisse avoir un phénomène tellurique. Les « prochaines » superéruptions pourraient quant à elles se produire à l'endroit de la caldeira du Yellowstone aux États-Unis ou des champs Phlégréens en Italie. Ces zones font l'objet d'une surveillance attentive, utilisant des méthodes géophysiques et géochimiques, et ne semblent pas à l'heure actuelle prêtes à entrer en éruption. Les protocoles de surveillance volcanologiques sont aujourd'hui assez performants pour nous alerter de nombreux mois et même plusieurs années avant une éruption, ce qui permet en général de prendre des mesures de précaution pour protéger les biens et les personnes. Toutefois, ces mesures seraient probablement insuffisantes dans le cas d'une superéruption tant les conséquences attendues sont titanesques.
Les effets d'une superéruption dépendent (ou dépendront) de l'endroit où celle-là aura lieu, et devraient affecter soit toute la planète, soit au moins un hémisphère. Localement, une zone géographique de plusieurs centaines de kilomètres de rayon sera complètement dévastée par la pluie de cendres et les coulées pyroclastiques retombant de la colonne éruptive (cf. figure). Si l'explosion se produit près d'un océan, ce qui est le cas pour les deux exemples cités auparavant, d'importants tsunamis se produiront et seront ressentis à plusieurs milliers de kilomètres du volcan, à l'image de ce qui s'est passé pour le Tambora en 1815. En ce qui concerne l'environnement global, les circulations atmosphériques et le climat seront fortement affectés par la dispersion dans la stratosphère du panache volcanique avec son cortège de cendres et de gaz volcaniques (gaz carbonique et surtout gaz sulfureux). Ces aérosols et ces gaz induiraient de fortes chutes de températures pendant plusieurs années, rejoignant ainsi le scénario d'un « hiver nucléaire », avec des hivers particulièrement rigoureux et des étés froids. Les implications pour le fonctionnement des sociétés humaines, particulièrement sensibles à l'efficacité des réseaux de communication, seront majeures, mais restent très difficiles à appréhender. L'étude des superéruptions, de leur mécanisme jusqu'à leurs conséquences, est un domaine de la volcanologie qui reste largement à explorer.
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Écrit par
- Édouard KAMINSKI : professeur des Universités, Institut de physique du globe de Paris, volcanologue
Classification
Autres références
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TAMBORA, volcan
- Écrit par Yves GAUTIER
- 2 590 mots
- 3 médias
...Krakatau en 1883. Elle correspond à un indice 7 sur le Volcanic Explosivity Index (V.E.I.), qui en compte huit. Les éruptions d’indice 8 sont le fait des supervolcans : l’Oruani il y a environ 25 600 ans (lac Taupo, Nouvelle-Zélande), le Toba (environ 73 000 ans) à Sumatra, le Yellowstone aux États-Unis...