SUPPRESSION DES "CORN LAWS"
L'abolition des corn laws consacre l'entrée du Royaume-Uni dans une économie de libre-échange. Face à la baisse du prix des céréales sous la pression de l'arrivée des blés russe et américain après les guerres napoléoniennes, les propriétaires fonciers obtiennent le vote de la Corn Law dès 1815. Le blé étranger ne peut entrer que lorsqu'il atteint un prix jugé rémunérateur par les landlords. Ce système est assoupli par un mécanisme d'échelle mobile des droits mis en place par William Huskisson, acquis à une politique plus libérale. Néanmoins, le protectionnisme reste rigoureux. Il devient dans les années 1830 l'enjeu d'une lutte acharnée entre « l'Angleterre verte » des landlords et « l'Angleterre noire » des manufacturiers. Pour ces derniers, les prix élevés des produits alimentaires renchérissent les salaires et laminent les profits dans une phase de baisse des prix. Les manufacturiers de Manchester mobilisent ainsi leurs ouvriers dans une lutte en faveur du « pain à bon marché ». Ce n'est que grâce à une réforme permettant aux villes d'être mieux représentées aux Communes qu'une majorité se dessine en faveur du libre-échange. Robert Peel abolit en 1846 les droits sur les céréales et sur plus de 700 articles. Les actes de navigation, qui assuraient un monopole à la marine britannique, sont abolis en 1849 et les dernières préférences coloniales sont éliminées dans les années 1850. La Grande-Bretagne devient véritablement libre-échangiste en ne maintenant certains droits que pour des raisons fiscales. Les free-traders anglais espéraient que l'ouverture du marché britannique convaincraient les Européens des bienfaits du libre-échange. Il faudra toutefois attendre janvier 1860 et le traité de libre-échange franco-britannique « Cobden-Michel Chevalier » pour que s'esquisse une Europe du libre-échange construite autour d'un réseau de traités de commerce.
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Écrit par
- Francis DEMIER : professeur des Universités, université de Paris-X
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