SUR D'INVISIBLES FONDEMENTS, Mario Luzi Fiche de lecture
Dans l'œuvre du poète Mario Luzi (1914-2005), né à Florence, qui, se libérant de Pétrarque et de Mallarmé, semble, sur un arc de sept décennies, tendre toujours davantage vers une poésie polyphonique, perpétuellement évolutive, dont le modèle fut Dante, Sur d'invisibles fondements occupe une place unique. Publié en 1971, dans l'Italie chaotique et violente des « années de plomb » minée par l'instabilité et la corruption politiques, l'ouvrage s'impose comme une partition à la structure intensément musicale, fondée sur la dialectique du thème et des variations.
Une partition à trois temps
Trois « thèmes », qui sont en réalité trois compositions – « Le Fleuve », « En mer », « Vie fidèle à la vie » –, précèdent trois longs « poèmes » – « La Pensée fluctuante du bonheur », « Dans le corps obscur de la métamorphose », « Le Gouffre de santé et de maladie » –, composés chacun de sept sections, elles-mêmes constituées de plusieurs éléments, fréquemment au nombre de trois, de typographies différentes : le romain correspond à une dominante narrative, anxieuse et fragmentée, qui se nourrit d'un réel multiple et lacérant, et l'italique à des épiphanies, apparitions souvent féminines, surgies de l'inconscient personnel ou collectif comme autant d'énigmes ou de consolations.
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Écrit par
- Bernard SIMEONE : écrivain, traducteur, directeur de collection et critique littéraire
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