SURINAME
Nom officiel | République du Suriname (SR) |
Chef de l'État et du gouvernement | Chandrikapersad Santokhi (depuis le 16 juillet 2020) |
Capitale | Paramaribo |
Langue officielle | Néerlandais |
Unité monétaire | Dollar du Suriname (SRD) |
Population (estim.) |
645 300 (2024) |
Superficie |
163 820 km²
|
Le développement économique, social et politique du Suriname depuis plus d'un siècle illustre de manière presque caricaturale les problèmes de décolonisation qui se posent aux Caraïbes. Que ce soit sous la dépendance coloniale, dans un cadre semi-autonome depuis 1864 ou depuis l'indépendance (1975), le Suriname s'est heurté à des obstacles incommensurables. Il n'est pas possible d'expliquer les troubles politiques qui ont secoué le pays depuis 1980, ni les tensions sociales, ni encore les structures économiques sous-développées sans analyser toutes les composantes d'un processus de destruction du système esclavagiste qui n'en finit pas de se désintégrer. En effet, une fois écarté le leurre d'une abolition de l'esclavage généreusement octroyée par une « métropole » désintéressée, il est resté – comme partout ailleurs dans la région des Caraïbes – une société, un territoire, des hommes et des femmes confrontés à d'inextricables difficultés.
Entre le Guyana et la Guyane française, le Suriname, pays d'eau et de forêt, s'étend sur 163 300 kilomètres carrés y compris les 19 000 kilomètres carrés d'une zone contestée. Cette ancienne colonie – la Guyane hollandaise –, indépendante depuis 1975, était peuplée de près de 500 000 habitants en 2004, auxquels il faut ajouter tous les émigrés d'origine surinamienne vivant aux Pays-Bas (300 000 personnes). À Paramaribo, la capitale, et sur moins de 3 % du territoire (4 800 km2), vivent des communautés d'origines diverses : Africains (Créoles, Saramaccas, Djukas), Asiatiques (Hindoustanis, Javanais, Chinois), Amérindiens et Européens. Antagonismes raciaux et crise économique ont longtemps fait de ce pays une véritable poudrière. De notables progrès vers la démocratie et le développement économique ont néanmoins été réalisés depuis le début du xxie siècle. Mais l'héritage de la violence et l'importance prise par le trafic de drogue fragilisent les efforts accomplis.
Capitalisme et colonisation
Abolition de l'esclavage et mutations économiques
L' abolition de l'esclavage le 1er juillet 1863 sonnait le glas d'un mode de production fondé sur le système des plantations. La réorganisation économique et sociale s'opéra sur de nouvelles bases avec le passage au travail salarié et la création en 1865 de la Surinaamsche Bank à Paramaribo. L'industrialisation des Pays-Bas au cours de la période 1870-1914 eut des répercussions aux colonies sur le plan de la demande en matières premières et sur l'établissement de marchés associés au développement de la consommation. Les capitaux néerlandais préférèrent s'investir en Indonésie plutôt qu'au Suriname, malgré l'attrait passager de l'or et de la gomme balata. Manquant d'infrastructure industrielle et d'informations relatives au potentiel minier, la colonie guyanaise était infiniment moins attirante que l'Indonésie riche en matières premières (pétrole, fer, charbon, étain) et en produits divers (riz, thé, tabac, indigo, épices). L'effort pour intéresser les capitaux étrangers au développement du Suriname, confirmé par la création en 1826 d'un organisme local d'investissements privés (Ondernemersraad), se heurta surtout à la sourde opposition de la puissance coloniale.
La concentration des forces productives et un apport massif de travailleurs engagés venus d'Asie firent baisser les coûts de production du sucre. Stimulée par une bureaucratie coloniale qui contrôlait la distribution des terres, une agriculture de subsistance put se développer, ce qui entraîna l'apparition vers 1900 d'une petite bourgeoisie terrienne. Pendant la Première Guerre mondiale se développèrent les cultures du riz, du cacao, du café et, vers 1930, l'exportation du riz puis du thé.[...]
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Écrit par
- Oruno D. LARA : professeur d'histoire, directeur du Centre de recherches Caraïbes-Amériques
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
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