SURNOM
À la différence du pseudonyme, le surnom ne résulte pas d'un choix personnel aux fins de dissimuler sa véritable identité au public, mais se trouve assigné à un individu par des tiers pour venir s'adjoindre ou se substituer au nom patronymique.
À l'époque de la République romaine, l'identité du citoyen comprenait, outre le prénom et le nom gentilice, un surnom (cognomen) qui semble d'origine assez tardive ; d'autres peuples d'Italie, tels que les Étrusques ou les Ombro-Sabelliens, connaissaient des règles de dénomination présentant une originalité analogue. Très tôt cependant, à Rome, en matière d'anthroponymie, la liberté triompha. Les surnoms en particulier devinrent multiples et variables ; s'adjoignirent aux anciens de nouveaux sobriquets. Finalement, dès la fin du Haut-Empire, il ne reste presque plus rien de l'ancienne anthroponymie romaine. En Gaule, après la conquête romaine, notables locaux et membres des classes moyennes avaient adopté des noms latins ; souvent, l'ancien nom gaulois était devenu un surnom. La christianisation et les invasions germaniques bouleversent les modes de désignation. Les anciens noms de famille disparaissent ; au nom de baptême s'ajoutent, afin de pallier la fréquence des homonymes, des surnoms d'abord germaniques puis, vers le xie siècle, français. À partir du xiiie siècle seulement, les surnoms — nom de la terre, appellations relatives à une particularité de la maison, sobriquets divers — tendirent à devenir héréditaires. Ainsi se forgèrent les noms de famille, stabilisés vers le xve siècle et fixés depuis l'organisation de l'état civil, devenu obligatoire sous François Ier. Mais l'usage d'accoler ou de substituer des surnoms aux noms patronymiques se poursuivit jusqu'à l'époque révolutionnaire, où une loi du 6 fructidor an II (23 août 1794) défendit d'ajouter aucun surnom à son nom, à moins qu'il n'eût servi jusqu'alors à distinguer les membres d'une même famille. Depuis lors, le patronyme, renforcé du ou des prénoms, est le seul moyen légal de signalisation des individus. Toutefois, en vertu de la loi du 11 germinal an XI (14 avr. 1803), un décret peut autoriser l'adjonction au nom patronymique d'un surnom ; et l'instruction du 21 septembre 1955 permet d'indiquer dans les actes d'état civil « les surnoms ou sobriquets, si une confusion est à craindre entre plusieurs homonymes, notamment dans les petites localités. En pareil cas, le surnom doit être précédé de l'adjectif dit ».
L'usage du pseudonyme, quant à lui, fréquent dans les ordres monastiques ou dans les milieux littéraires ou artistiques, est licite. Son choix cependant ne doit porter aucun préjudice à des tiers. Exception faite pour la Légion étrangère, son emploi est assimilé au faux dans les engagements de l'armée. En règle générale, d'ailleurs, la licéité du pseudonyme n'est admise qu'à l'occasion des rapports propres à l'activité en vertu de laquelle il a été choisi.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- François BURDEAU : professeur à la faculté des sciences juridiques de Rennes
Classification
Autres références
-
ÉPIGRAPHIE
- Écrit par Raymond BLOCH , Encyclopædia Universalis et Jean POUILLOUX
- 7 232 mots
Le citoyen romain possédait un prénom, un nom et un surnom ; ces tria nomina forment un ensemble auquel s'ajoutent encore la mention du prénom du père et celle de sa tribu d'origine. Le nom est commun à tous les membres d'une même famille ou gens, tandis que le prénom est une appellation...