SURVEILLANCE DES INSECTES VECTEURS
De nombreux réseaux de surveillance
Afin de répondre à cette problématique de propagation de maladies à transmission vectorielle, des systèmes de surveillance adaptés ont été mis en place dans différentes régions du monde. Ils peuvent être spécifiques d’un vecteur ou d’un pathogène donné ou concerner une surveillance plus vaste. Ces systèmes peuvent être divisés en trois catégories selon la surveillance à réaliser : l'hôte, les vecteurs et le suivi symptomatique des maladies. Les systèmes de surveillance vectorielle incluent la surveillance des vecteurs présents et de la densité de leurs populations, mais aussi la présence éventuelle d’un portage d’agents pathogènes. Ces systèmes participent à l’identification des vecteurs qui propagent les infections parmi les différents hôtes possibles (humains, faune domestique, faune sauvage) afin de déterminer les meilleures stratégies d'intervention et de réduire le risque de propagation.
Dans les zones indemnes, la surveillance consiste à déceler l’implantation éventuelle d’un nouveau vecteur pour, le cas échéant, mettre en place des mesures de lutte afin de la ralentir. C’est le cas, par exemple, dans le sud de l’Europe, pour celle du moustiqueAedesalbopictus, un moustique d'origine tropicale, également appelé « moustique tigre » en raison des zébrures qui parcourent son corps. Étant donné la capacité de ce moustique à être vecteur de différentes maladies virales – dengue, chikungunya, Zika –, son aire de répartition est surveillée de très près par les autorités compétentes de chaque pays.
Différentes agences, majoritairement publiques, opèrent un suivi des vecteurs circulant sur un territoire donné. Aux États-Unis, par exemple, en 2017, le CDC (Center for Disease Control and Prevention) basé à Atlanta, a créé cinq centres d’excellence régionaux spécialisés dans la lutte et la surveillance des maladies à transmission vectorielle. Ces centres forment notamment des entomologistes à l'identification des diverses espèces de moustiques, et plus généralement de diptères, et des tiques. En Europe, de nombreuses structures ont également été mises en place, qui font appel à des acteurs travaillant en étroite collaboration ; agences vétérinaires, structures de surveillance vectorielle et de santé publique sont ainsi associées à cette surveillance. En Italie, par exemple, où les études se focalisent notamment sur la circulation du WNV au sein des moustiques Culex pipiens, les structures impliquées bénéficient d’une coordination de l’Institut supérieur de la santé. En France, cette surveillance, qui nécessite des compétences multiples (épidémiologiques, vétérinaires, vectorielles, diagnostiques…), est conduite par différents acteurs de santé publique – Santé publique France (SPF), l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) et les laboratoires nationaux de référence (LNR) –, de santé animale – en collaboration avec le ministère de l’Agriculture –, des structures de surveillance spécifiques des vecteurs impliquant des organismes de recherche – Institut de recherche pour le développement (IRD), Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) – et des opérateurs, tels que les EID (Ententes interdépartementales pour la démoustication), chargés de la surveillance et la lutte contre les moustiques nuisibles, et mandatés par les différents départements exposés. Le système de surveillance évolue notamment en fonction de l’apparition éventuelle d’un pathogène à tropisme humain au sein de ses vecteurs. Si des cas cliniques sont rapportés, SPF gère la coordination des actions de surveillance des vecteurs en lien avec les EID concernées.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Yannick SIMONIN : virologiste, maître de conférences, université de Montpellier
Classification
Médias