SURVEILLANCE DES INSECTES VECTEURS
Une surveillance au plus près du terrain
En Europe, une des principales maladies vectorielles humaines est liée aux tiques : il s’agit de la maladie de Lyme (dont l’agent responsable est la bactérie Borreliaburgdorferi). En France l’Anses, via son laboratoire de santé animale de Maisons-Alfort, étudie à la fois les tiques et les agents pathogènes qu’elles transmettent, afin de les identifier, de les caractériser et d’élaborer des stratégies de lutte efficaces. Des collectes de tiques sont régulièrement organisées dans différentes régions françaises et les agents pathogènes éventuellement présents sont identifiés par PCR spécifique ou par séquençage haut débit.
Les Culicoides (parfois aussi nommées « mouches des sables ») sont des petits diptères hématophages, vecteurs potentiels notamment de la fièvre catarrhale ovine, également appelée maladie de la langue bleue (bluetongue), une maladie virale touchant les ruminants domestiques (ovins, bovins, caprins) et sauvages. Le réseau de surveillance de l’activité des Culicoides a été mis en place en 2009. Des piégeages sont effectués dans le cadre d’un réseau de surveillance entomologique, étendu à la métropole et géré par l’EID Méditerranée en partenariat avec le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Il a pour objectif de déterminer la dynamique de population des Culicoides et d’évaluer les dates de début et de fin de leur activité, fortement dépendantes des variations de température, avec une forte réduction des populations en période hivernale.
Les Phlebotominae, ou phlébotomes, sont une sous-famille d'insectes de l’ordre des diptères ; ce sont de tout petits insectes hématophages, qui peuvent être vecteurs de différents pathogènes – Bartonella, Leishmania, virus Toscana (émergent et localisé sur le pourtour du bassin méditerranéen et responsable d’encéphalites chez l’homme)… Les protozoaires du genre Leishmaniasont à l’origine de leishmanioses, pathologies qui peuvent se chroniciser, à manifestation cutanée (« bouton d’Alep d’autrefois ») et (ou) viscérale, chez l’homme et l’animal, le chien en particulier. Les phlébotomes en sont l’espèce vectrice principale dans la partie occidentale du sud de l’Europe. Leur aire d’extension déborde largement la région de bioclimat méditerranéen, rendant possible une extension de l’endémie en cas de réchauffement climatique. La récolte des phlébotomes repose sur l’utilisation de trois types de pièges : lumineux (UV), colorés et adhésifs (à base d’huile de ricin permettant une capture efficace suivant les sites de suivi).
Dans les zones où le vecteur est implanté, la surveillance consiste à estimer la densité vectorielle, à suivre son évolution et à évaluer la prévalence éventuelle d’un pathogène donné dans une population de vecteurs donnée. Par ailleurs, elle consiste également à évaluer l’efficacité des actions de contrôle de la prolifération à la suite de campagnes de lutte antivectorielle. Autant pour les réseaux de surveillance entomologique que pour la lutte contre des espèces nuisibles et (ou) vectrices, un des principaux impératifs consiste à réaliser des estimations fiables de densité des populations. L’objectif est notamment de déterminer si une situation est à risque en termes de transmission vectorielle. À cet effet, il est nécessaire de proposer les éléments épidémiologiques permettant d’apprécier la possibilité d’un contact entre un vecteur, un pathogène et un hôte. Il faut pour cela évaluer le risque d’introduction et de propagation de nouveaux vecteurs dans un territoire donné ainsi que le risque de transmission locale à partir des vecteurs locaux et des agents pathogènes importés. Un des éléments clés réside dans la mise au point d’un échantillonnage correctement réparti dans l’espace et le temps, pour pouvoir estimer[...]
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Écrit par
- Yannick SIMONIN : virologiste, maître de conférences, université de Montpellier
Classification
Médias