SURVEILLANCE DES INSECTES VECTEURS
Des nouveaux outils de détection
Au-delà des techniques classiques de surveillance vectorielle, d’autres stratégies ont été mises en place. C’est notamment le cas avec le développement de systèmes de veille citoyenne où chacun peut apporter sa contribution à la surveillance des vecteurs circulants, en particulier pour les espèces considérées comme étant les plus à risque. En France, il existe notamment des applications permettant de transmettre des photographies de moustiques via son smartphone, notamment pour signaler la présence d’Aedesalbopictussur un territoire donné. Ce système a notamment été mis en place par l’EID Atlantique via l’application IMoustique® qui permet, en plus de signaler la présence de moustiques, de s’initier à la reconnaissance des principales espèces de moustiques présentes sur le territoire. Ce type d’application ne se limite pas à la surveillance des moustiques. Par exemple, en 2020, le ministère des Solidarités et de la Santé, l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) et d’autres partenaires ont lancé l’application Signalement Tique, qui permet de signaler une piqûre de tiques, voire par la suite d’envoyer le spécimen à un laboratoire de référence. L’application vise également à renforcer la prévention et l’information des citoyens sur les maladies transmises par les tiques. Cette surveillance des tiques est renforcée par le réseau Sentinelle, système de surveillance épidémiologique en temps réel impliquant des médecins référents équitablement répartis sur le territoire. Ce réseau répertorie notamment l’incidence de la maladie de Lyme qui, corrélée à une surveillance des tiques, permet un suivi actualisé de la localisation et de la propagation du couple vecteur-pathogène.
La télédétection appliquée à la surveillance des vecteurs se développe également en complément, voire en remplacement des techniques plus classiques. Plus rapide à mettre en place que ces dernières et réalisable à large échelle, elle nécessite néanmoins des outils technologiques performants. Elle se définit par la mesure de grandeurs physiques caractéristiques des objets ou des phénomènes étudiés, par l'intermédiaire d'instruments de mesure n'ayant pas de contact avec l'objet étudié (mesure à distance) tels que lasers, radars, satellites... La télédétection moderne intègre généralement des traitements numériques des informations récoltées. La mise en relation des données télédétectées avec des observations entomologiques peut contribuer à améliorer les connaissances sur l’écologie des vecteurs et permettre de développer des modèles prédictifs de la dynamique de leurs populations. Les exemples d’outils de télédétection dans le cadre de la surveillance vectorielle sont nombreux. Il existe, par exemple, des méthodes optiques innovantes fondées sur la spectroscopie ainsi que des stratégies d’analyse associées pour identifier des espèces volantes grâce à leur signature spectrale (mesure de l’émission électromagnétique caractéristique d'un objet en fonction de la longueur d'onde) et par la fréquence de vibration de leurs ailes, en utilisant un télescope et une lunette astronomique, couplés à une caméra CCD. D’autres travaux visent à modéliser la dynamique spatiale et temporelle d'une maladie à transmission vectorielle comme la dengue, à partir de données environnementales extraites d'images de télédétection. Un modèle de diffusion, établi sur des données entomologiques et sur des paramètres environnementaux – favorables ou non à la propagation du vecteur – issus d'une image satellite, est proposé pour décrire la dynamique des moustiques vecteurs de la maladie. L’analyse des données permet ensuite de décrire les processus de transmission entre les hôtes et les vecteurs.
D’autres approches consistent[...]
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Écrit par
- Yannick SIMONIN : virologiste, maître de conférences, université de Montpellier
Classification
Médias