CECCHI D'AMICO SUSO (1914-2010)
Née à Rome, fille de l'écrivain et producteur Emilio Cecchi, belle-fille du critique littéraire Silvio D'Amico, Suso Cecchi D'Amico grandit dans un climat intellectuel stimulant, loin de l'endoctrinement fasciste. À la fin des années 1930, elle se lance dans le journalisme et commence à traduire des pièces de théâtre au côté de son père. Dans l'immédiat après-guerre, elle traduit pour Luchino ViscontiLa Cinquième Colonne d'Hemingway et La Route au tabac de Caldwell.
C'est à travers les amitiés nouées autour de la scène et de la littérature qu'elle rencontre le cinéma : après l'échec d'un sujet, Avatar, écrit avec Alberto Moravia et Ennio Flaiano, elle participe en 1946 à son premier scénario, Mio figlio professore de Renato Castellani, film élaboré avec son père Emilio Cecchi et Aldo Fabrizi, Fulvio Palmieri, Fausto Tozzi et Castellani. Dans l'écheveau que constitue l'écriture d'un scénario auxquels collaborent en Italie de nombreuses personnes, il est difficile d'identifier l'apport de chacun. Ainsi, dans les quelque cent films qu'elle a co-signés, il n'est pas toujours évident de relever ce qui constitue la touche personnelle de Suso Cecchi D'Amico. Une chose est certaine, elle a collaboré avec les meilleurs, Ennio Flaiano, Cesare Zavattini, Vitaliano Brancati, Age et Scarpelli, Enrico Medioli, Leonardo Benvenuti et Piero De Bernardi. Celle qui a toujours considéré que le scénariste devait se mettre au service des images, non des mots, et qu'il devait s'efforcer d'entrer dans l'esprit du metteur en scène, a travaillé pour les cinéastes des plus divers.
Dans les années de l'immédiat après-guerre, elle associe son nom, outre à Renato Castellani (Mio figlio professore ; Sotto il sole di Roma, 1947 ; È primavera, 1949), à Luigi Zampa (Vivre en paix, 1946 ; L'Honorable Angelina, 1947 ; È più facile per un cammello, 1950 ; Processo alla città, 1952), Marcello Pagliero (La nuit porte conseil, 1946), Vittorio De Sica (Le Voleur de bicyclette, 1948 ; Miracle à Milan, 1951), Alberto Lattuada (Le Crime de Giovanni Episcopo, 1947), Alessandro Blasetti (Fabiola, 1949 ; Sa Majesté Monsieur Dupont, 1950 ; Quelques pas dans la vie, 1954 ; Dommage que tu sois une canaille, 1953), Antonio Pietrangeli (Il sole negli occhi, 1953), Michelangelo Antonioni (Les Vaincus, 1952 ; La Dame sans camélias, 1953 ; Femmes entre elles, 1955), Francesco Maselli (Gli sbandati, 1955). Preuve de son éclectisme, elle participe en 1958 à l'écriture du film fondateur de la comédie « à l'italienne », Le Pigeon de Mario Monicelli. Dans ces années-là, la rencontre décisive reste celle de Luchino Visconti, dont elle devient la scénariste essentielle. À partir de Bellissima (1951), elle collabore avec le cinéaste pour Nous les femmes (1953), Senso (1954), Les Nuits blanches (1957), Rocco et ses frères (1960), Le Guépard (1963), Sandra (1965), L'Étranger (1967), Ludwig (1972) – film dont elle contribuera à sauver la version intégrale –, Violence et passion (1974), L'Innocent (1976). Il s'agit souvent d'adaptations de textes littéraires, Camillo Boito, Dostoïevski, Tomasi di Lampedusa ou D'Annunzio. C'est donc tout naturellement qu'elle participe au projet inabouti d'adaptation par Visconti d'À la Recherche du temps perdu.
La nouvelle génération de cinéastes fait également appel à elle, par exemple Valerio Zurlini pour Été violent (1959) ou Francesco Rosi pour Le Défi (1958), Profession : magliari (1959), Salvatore Giuliano (1962). Après Proibito rubare (1948) et Tu es mon fils (1957), Luigi Comencini l'associe à deux réussites majeures, Casanova, un adolescent à Venise (1969) et Les Aventures de Pinocchio (1972), avant d'utiliser son talent d'adaptatrice pour Cuore (1984), d'après[...]
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Écrit par
- Jean A. GILI : professeur émérite, université professeur émérite, université Paris I-Panthéon Sorbonne
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