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SAINT-PÉRIER SUZANNE RAYMONDE DE (1890-1978)

Née dans une famille d'universitaires, Suzanne Raymonde François s'orienta essentiellement, dès ses études secondaires puis supérieures, vers les lettres, l'histoire et les arts. Infirmière au cours de la Première Guerre mondiale, elle rencontra le médecin-major Louis-René de Poilloüe, comte de Saint-Périer, qu'elle épousa peu après la fin des hostilités.

Les qualités de naturaliste de René de Saint-Périer – il s'était d'abord consacré à la biologie – et celles d'artiste et d'historienne de son épouse expliquent l'intérêt privilégié que le couple porta à l'archéologie, et spécialement, sans négliger toutefois les vestiges de l'antiquité gallo-romaine, à la préhistoire. Ils étudièrent tout d'abord les grottes situées sur le territoire de la commune de Lespugue (Haute-Garonne) ; l'une d'elles, la grotte des Rideaux, leur livra en 1922 l'une des plus remarquables des statuettes féminines périgordiennes ; cette figurine, connue sous le nom de Vénus de Lespugue et dont la datation peut être estimée aux environs de 23000 avant J.-C., fut donnée par ses découvreurs au Muséum national d'histoire naturelle de Paris. Mais c'est dans la grotte d'Isturitz (Pyrénées-Atlantiques) qu'ils entreprirent, à partir de 1928, leurs fouilles majeures, fouilles que Suzanne de Saint-Périer, après la mort de son mari en 1950, poursuivit seule jusqu'en 1958. Cette vaste caverne, longue de plus de 120 mètres, avait déjà été explorée par plusieurs chercheurs, notamment par E. Passemard ; elle a livré les vestiges d'occupations humaines qui s'y sont succédé depuis le Moustérien jusqu'à l'Âge du fer, c'est-à-dire sur une période qui s'étend de 50000 avant J.-C. jusqu'au début de l'ère chrétienne. Menées avec une méthode exemplaire pour l'époque, les fouilles ont permis de réaliser d'importants progrès dans la définition et l'articulation des civilisations du Paléolithique supérieur ; celles des couches magdaléniennes ont livré une incomparable collection d'objets en pierre, en os, en bois de renne, certains ornés de très belles figurations humaines et animales, mais aussi de motifs géométriques.

Les recherches de René et Suzanne de Saint-Périer leur ont inspiré de nombreux écrits, des articles, mais surtout trois ouvrages consacrés aux industries et aux œuvres d'art paléolithiques de la grotte d'Isturitz ; publiés dans la collection des Mémoires de l'Institut de paléontologie humaine, ces volumes totalisent plus de 500 pages et plus de 300 figures et planches ; le troisième, paru en 1952, est l'œuvre propre de Suzanne de Saint-Périer. Par la suite, elle consacra l'essentiel de ses études à l'art paléolithique, dont elle était considérée comme l'une des spécialistes : de nombreux articles ont apporté, en particulier sur l'art mobilier, une contribution à la fois originale et pertinente, tant en ce qui concerne la chronologie de cet art que son analyse technique et stylistique.

L'activité scientifique de Suzanne de Saint-Périer a largement débordé le cadre de la préhistoire ; nous citerons, entre autres, la rédaction, avec son mari, d'une excellente histoire d'Étampes, sa participation active aux recherches géologiques d'Henriette Alimen sur le Stampien, l'intérêt qu'elle porta à l'art, tout à fait original, des abris de la forêt de Fontainebleau. Des musées furent également l'objet de ses soins : celui de Brantôme (Dordogne), celui d'Étampes (Essonne), dont les Saint-Périer furent les bienfaiteurs, celui de Foix (Ariège), dont elle classa les collections. Parmi ses travaux muséologiques, l'un des plus notables ne fut-il pas, d'ailleurs, la présentation, en son château de Morigny, près d'Étampes, de ses collections, extrêmement riches et variées[...]

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