Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ARRHENIUS SVANTE (1859-1927)

Svante Arrhenius - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Svante Arrhenius

L' œuvre majeure de Svante Arrhenius porte sur la dissociation électrolytique. Elle ressortit directement à une pensée phénoménotechnique, où, selon Bachelard, « aucun phénomène n'apparaît naturellement, aucun phénomène n'est de premier aspect, aucun n'est donné. Il faut le constituer et en lire les caractères indirectement avec une conscience toujours éveillée de l'interprétation instrumentale et théorique, sans que jamais l'esprit ne se divise en pensée expérimentale pure et théorie pure ». Une étude attentive de la conductivité des solutions mise en rapport avec leurs propriétés chimiques et thermodynamiques permit à Arrhenius d'établir la dissociation des électrolytes antérieurement à toute excitation électrique. La théorie qu'il en fit exerça un rôle déterminant sur le développement de la chimie-physique.

Les antécédents de la théorie d'Arrhenius

La théorie d'Arrhenius achève en un tout cohérent un demi-siècle d'investigations sur les propriétés des solutions.

Propriétés électriques d'abord : on savait de longue date que, si le courant électrique traverse la plupart des conducteurs solides sans les modifier, les conducteurs liquides, notamment les solutions diluées de sels, d'acides ou de bases, sont altérés dans le voisinage des électrodes. Dans une belle série de recherches publiées en 1834, Faraday avait établi les caractères quantitatifs de l'action chimique des courants électriques : « The chemical power, like the magnetic force, is in direct proportion to the quantity of electricity which passes. »

Cet énoncé, qui fonde la mesure des intensités par des pesées, Faraday le compléta par une relation universelle entre tous les électrolytes que l'on peut formuler ainsi : « Les masses de différents corps séparées en des temps égaux par les mêmes courants sont dans le rapport de leurs équivalents chimiques. »

Pour expliquer le transport de courant dans les électrolytes, Faraday a créé la notion d' ion ; il pensait que la décomposition ionique était directement provoquée par le courant électrique. La conception, aujourd'hui familière, de dissociation électrolytique préexistant à l'excitation électrique, ne s'imposa que bien lentement. Il semblait absurde que la simple dissolution dans l'eau de chlorure de sodium, par exemple, pût séparer deux espèces chimiques, le chlore et le sodium, qui manifestent une si grande affinité l'une pour l'autre et dont les combinaisons ne peuvent être détruites que par les moyens chimiques les plus énergiques. Mais l'idée première que c'est le courant qui décompose les molécules dans l'électrolyse rencontra bientôt plusieurs difficultés.

Comment, dans cette hypothèse, interpréter le fait que les produits de l'électrolyse n'apparaissent qu'aux électrodes ? Helmholtz avait remarqué, d'autre part, qu'il n'y a pas de limite inférieure à l'intensité du courant capable de provoquer la décomposition électrolytique ; ce qui donnait à penser que ce ne sont pas des forces chimiques, mais bien des forces électriques qui, avant le passage du courant, s'opposent aux décompositions des molécules présentes dans les liquides électrolytiques. En 1857, Clausius démontre que la validité de la loi d'Ohm dans les électrolytes suppose la présence d'ions libres avant toute application du champ électrique.

C'était envisager la transformation spontanée et partielle d'un ensemble de molécules stables par la mise en solution ; cette idée rejoignait les vues hypothétiques de Williamson, qui avait suggéré en 1850 que les atomes d'un système chimique peuvent s'échanger continuellement entre molécules et constituer un équilibre dynamique. Les caractères de la dissociation ionique ne pouvaient être reconnus que par une analyse[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Média

Svante Arrhenius - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Svante Arrhenius

Autres références

  • ACIDES & BASES

    • Écrit par et
    • 12 364 mots
    • 7 médias
    En 1887, un jeune chimiste suédois, Arrhenius, dans sa thèse de doctorat, proposa une théorie, alors révolutionnaire, pour expliquer les propriétés des solutions aqueuses d'électrolytes, en particulier leur conductibilité électrique : c'est la théorie de la dissociation ionique...
  • CHANGEMENT ANTHROPIQUE DU CLIMAT

    • Écrit par et
    • 8 203 mots
    • 7 médias
    ...principaux gaz à effet de serre. On sait aujourd’hui qu’il faut prendre en compte ces deux facteurs qui jouent un rôle important dans l’évolution du climat. Svante Arrhenius (1859-1927), partisan de la seconde théorie, suppose que la concentration en CO2 a naturellement varié dans le passé et indique qu’elle...
  • CHIMIE - La chimie aujourd'hui

    • Écrit par
    • 10 856 mots
    • 3 médias
    Le grand pionnier de la chimie environnementale fut le SuédoisSvante Arrhenius (1859-1927). Dès 1895, la connaissance du spectre infrarouge du dioxyde de carbone CO2 lui fit comprendre l'effet de serre dû au dégagement de ce gaz dans l'atmosphère, à la suite de combustions. Il aura fallu un siècle...
  • ÉLECTROCHIMIE

    • Écrit par
    • 6 252 mots
    • 10 médias
    Cette théorie, due à Svante Arrhenius, permet de distinguer les électrolytes « forts » et « faibles » selon que α est supérieur ou inférieur à 0,1. Elle permet d'expliquer l'effet de la dilution sur la conductivité (loi d' Ostwald).