ALEXIEVITCH SVETLANA (1948- )
« Je n’écris pas l’histoire nue et sèche d’un fait ou d’un événement, j’écris l’histoire des sentiments. » Ainsi Svetlana Alexievitch caractérise-t-elle sa démarche créatrice. Journaliste et écrivain biélorusse d’expression russe, née en 1948 à Ivano-Frankivsk en Ukraine, d’un père biélorusse et d’une mère ukrainienne et ayant grandi en Biélorussie, elle est un exemple du mélange de cultures harmonieux que pouvait produire l’Union soviétique. Parallèlement à son travail dans divers journaux, elle se consacre à l’écriture d’ouvrages qui se situent à la frontière du documentaire et du littéraire et qui lui ont valu une reconnaissance internationale, ainsi que le prix Nobel de littérature en 2015.
La fin de la grande utopie
Les six livres écrits par Svetlana Alexievitch se font écho et forment une fresque de la période soviétique considérée sous l’angle des catastrophes qui ont secoué le pays – fresque intitulée « Les voix de la grande utopie ». Elle présente un tableau de la Seconde Guerre mondiale vue par les combattantes dans La guerre n’a pas un visage de femme (U vojny ne ženskoelico, 1985) et vue par les enfants dans Les Derniers Témoins (Posledniesvideteli, 1985). Les Cercueils de zinc (Cinkovyemal’čiki, 1991) évoquent la « sale guerre » d’Afghanistan, une période oubliée par les autorités et qui ne fait pas l’objet d’un culte comme la « grande guerre patriotique » contre le nazisme. Ensorcelés par la mort (1993) est consacré aux personnes qui se sont suicidées, soit parce qu’elles se trouvaient dans une impasse sociale, soit par désespoir existentiel. La Supplication (Černobyl’skajamolitva, 1997) évoque les sacrifiés de Tchernobyl – en particulier les liquidateurs qui intervinrent sur les lieux de la catastrophe. La Fin de l’homme rouge ou le Temps du désenchantement (Vremja second hand ilikoneckrasnogočeloveka, 2013), couronné par le prix Médicis essai 2013 (qui s’ajoute à de nombreuses distinctions internationales), décrit un large spectre de réactions aux putschs de 1991 et 1993, à l’émergence de la nouvelle Russie – avec ses valeurs si étrangères aux valeurs soviétiques –, et à la guerre de Tchétchénie.
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Écrit par
- Hélène MÉLAT : maître de conférences en littérature et culture russes, Sorbonne université
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