SVOM, mission
La mission franco-chinoise SVOM – Space-based multi-band astronomical Variable Objects Monitor – est consacrée à l’étude des sursauts gamma.Ce phénomène astrophysique se caractérise par l’émission de bouffées de rayonnement gamma très brèves et intenses qui sont le produit de mécanismes parmi les plus violents rencontrés dans l’Univers. Il est la signature de la formation d’un trou noir stellaire, c’est-à-dire issu de la mort des étoiles les plus massives ou de la fusion (coalescence) d'objets stellaires compacts (une étoile à neutrons et un trou noir, ou deux étoiles à neutrons). L'énergie rayonnée en quelques secondes par un sursaut gamma est équivalente à l’énergie produite par le Soleil durant la totalité de sa durée de vie.En raison de leurs propriétés extrêmes, les sursauts gamma peuvent être utilisés pour sonder les régions de l'Univers les plus hostiles et les plus lointaines.
Cette mission SVOM d’astrophysique été lancée avec succès le 22 juin 2024 par la fusée chinoise Longue Marche 2C, depuis la base de lancement de Xichang (Chine).
Les sursauts gamma : des flashs célestes
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la compétition entre les Américains et les Soviétiques au cours de la guerre froide a été à l’origine d’un grand nombre de progrès techniques et scientifiques. La plus grande de ces avancées a certainement été la conquête de la Lune. Une autre découverte scientifique, bien moins connue, a également été le fruit de cette compétition incessante. Il s’agit de la mise en évidence des sursauts gamma.
L’histoire débute en 1963 par la signature d’un traité d’interdiction des essais nucléaires dans l’atmosphère terrestre (le Nuclear Test Ban Treaty). Afin de vérifier son application, les deux puissances dédient à cette tâche une catégorie de satellites militaires – les Vela pour les États-Unis, les Cosmos pour l’URSS – capables de détecter une émission dans le domaine des rayons gamma,révélatriced’une possible explosion clandestine.
À partir de 1967, ces satellites commencent à observer des flashs émis dans le domaine des rayons gamma, qui ne viennent ni de la Terre ni du Soleil. Il faudra toutefois attendre1973 pour que le secret militaire soit levé et que cette découverte majeure soit annoncée à la communauté scientifique.
La toute première courbe de lumière obtenue montre de très brèves impulsions – des flashs ou des sursauts – émises à des énergies correspondant au domaine des rayons gamma du spectre électromagnétique. C’est cette observation qui a donné le nom à ce phénomène, « les sursauts gamma ».
Depuis leur découverte, plusieurs milliers de ces phénomènes ont été observés, en particulier grâce aux satellites américain Compton Gamma Ray Observatory (CGRO), puis italo-hollandais BeppoSAX et américain The Neil Gehrels Swift Observatory.
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Écrit par
- Stéphane BASA : directeur de recherche CNRS, unité d'appui et de recherche Pythéas, observatoire de Haute-Provence, laboratoire d'astrophysique de Marseille
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Médias